La dynamique du secteur touristique en Afrique du Nord est loin de s’essouffler comme le laissaient entendre certains médias hexagonaux. Au contraire, 2025 est déjà une bonne année comme l’attestent les données à fin septembre. Dans les pays de la région (Egypte, Maroc et Tunisie), les performances dépassent largement celles d’avant le Covid-19, comparativement à la même période de 2019, année de référence du secteur touristique mondial.
Les tendances de fond font ressortir, qu’après les records des arrivées enregistrés en 2023 et 2024, l’année 2025 devrait être couronnée de records en Egypte, au Maroc et en Tunisie.
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La dynamique du secteur des voyages au niveau mondial portée par une croissance qui devrait dépasser les 5% selon l’Organisation mondiale du tourisme (ONU-Tourisme), l’amélioration de la connectivité aérienne entre les pays de la région et les pays émetteurs, les campagnes de promotion, la diversification des offres et les politiques de visa sont les principaux facteurs qui boostent la destination nord-africaine.
La baisse des tensions au Moyen-Orient et la Coupe d’Afrique des nations prévue au Maroc devraient maintenir cette dynamique.
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En attendant, à fin septembre, les trois pays ont accueilli 39 millions de visiteurs. On notera que globalement, les pays de la région ont réussi à réduire la saisonnalité du secteur du tourisme en affichant de bonnes fréquentations durant presque tous les mois, y compris pendant la basse saison. Les recettes touristiques ont également enregistré des progressions.
Égypte: en attendant le Grand Musée, déjà 15 millions de visiteurs
L’Égypte a accueilli 15 millions de touristes au cours des neuf premiers mois de l’année, selon une information fournie par Sherif Fathy, ministre égyptien du Tourisme et des Antiquités. Ce volume est en hausse de 21% par rapport à la même période de l’année dernière. «Les chiffres des touristes ont enregistré 8,7 millions de visiteurs au cours des six premiers mois de l’année, puis ont augmenté à 12,8 millions à la fin d’août dernier, atteignant près de 15 millions à la fin septembre», a indiqué le ministre, ajoutant que les chiffres «indiquent la facilité avec laquelle l’Égypte peut atteindre son objectif d’ici la fin de l’année, entre 17,5 et 18 millions de touristes». De plus, lors du troisième trimestre, l’Égypte a accueilli environ 6,3 millions de touristes, illustrant la nouvelle dynamique que connaît le secteur touristique égyptien.
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Derrière cette dynamique, il y a plusieurs facteurs: la reprise de la demande, l’apaisement des tensions au Moyen-Orient depuis juin 2025 qui sera consolidé par le cessez-le-feu à Gaza, la forte attractivité des offres balnéaires de la mer Rouge et des croisières sur le Nil,…
Pour accompagner cette dynamique, le pays continue d’encourager les investissements dans les capacités d’accueil. L’année en cours devrait être marquée par une augmentation de 9.000 chambres d’hôtel portant la capacité d’hébergement du pays à 235.000 chambres. Les investisseurs sont encouragés par la dynamique du secteur et l’incitation étatique via des prêts à taux réduits aux opérateurs du secteur.
Les revenus générés par le tourisme se sont établis à 13 milliards de dollars à fin septembre, en augmentation de 9% par rapport à la même période de 2024. La dépense moyenne par touriste s’est établie à 866 dollars.
Un niveau largement supérieur à ceux du Maroc et de la Tunisie et qui s’explique par des durées de séjours beaucoup plus longues et la nature plus fortunée et dépensière des touristes visitant l’Égypte dominés par Saoudiens, Allemands et Russes.
Rappelons que pour 2025, l’Égypte table sur 18 millions de visiteurs, un objectif à la portée du pays surtout que le contexte est des plus favorables. Le dernier trimestre sera marqué par l’inauguration du Grand Musée Égyptien (GME) programmée le 1er novembre 2025. Le GME, qui s’étend sur 50 hectares, non loin des pyramides de Gizeh, a coûté un milliard de dollars et abritera plus de 100.000 objets, dont plus de la moitié seront exposés au public. L’attraction phare sera la collection du roi Toutankhamon riche de plus de 5.000 objets.
Les responsables égyptiens tablent sur 5 millions de visiteurs par an au plus grand musée archéologique au monde pour booster son secteur touristique et reprendre au Maroc sa place de première destination africaine, couronne qu’elle a perdue en 2024. Par ailleurs, le tourisme égyptien pourra compter sur le retour croissant des touristes russes.
L’année dernière, le pays des Pharaons a accueilli 15,78 millions de touristes, un record historique, pour des recettes en hausse de 9% à 15,3 milliards de dollars.
Tunisie: 9 millions de visiteurs
La Tunisie a attiré, du 1er janvier au 20 octobre 2025, plus de 9,05 millions de touristes. Un volume en hausse de 9,2%, par rapport à la même période de 2024. La Tunisie est en bonne voie pour atteindre son objectif de 11 millions de visiteurs.
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Les arrivées de touristes en Tunisie sont dominées par les Maghrébins. Selon le dispatching des arrivées disponible à fin août 2025 de l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), sur les 7,16 millions de touristes enregistrés (6,12 millions de visiteurs étrangers et 1,04 millions de Tunisiens résidant à l’étranger), plus de 3,72 millions (+8%), soit 51,95% du total des arrivées, sont Maghrébins.
Et ce sont naturellement les Algériens qui dominent avec 2,11 millions d’arrivées (-0,6%), devant les Libyens (+22,9% à 1,55 million de visiteurs), les Marocains (-4,5% à 34.446) et les Mauritaniens (+10,2% à 19.782).
Les touristes maghrébins dépassent les européens dont le nombre s’est établi à 2,22 millions (+8,9%) qui sont essentiellement Français (803.794 visiteurs, +8%), Britanniques (300.591, +44,6%), Polonais (233.292, +2,3%) et Allemands (-2,8%, 196.660). Les Britanniques confirment leur retour sur le marché tunisien après l’avoir boudé suite aux attentats de 2025 -attentat de Bardot et attentat de Sousse.
Si le tourisme tunisien continue d’être dominé par les visiteurs maghrébins, on note une progression de 10,7% du nombre de touristes européens, notamment en provenance de France, de Pologne et du Royaume-Uni.
Cette performance s’inscrit en droite ligne avec les prévisions de l’Office national du tourisme tunisien qui table sur 11 millions de touristes sur l’ensemble de l’année 2025.
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Derrière cette hausse, il y a la vigueur de la demande régionale, une meilleure compétitivité des prix comparativement aux pays euro-méditerranéens en raison de la prédominance des adeptes du «all inclusive».
Selon la Banque centrale de Tunisie (BCT), à fin septembre 2025, les revenus touristiques se sont établis à 6.264 millions de dinars (2,07 milliards de dollars), soit une hausse de plus de 8,2% par rapport à la même période de l’année dernière.
Cette progression est portée par la hausse des arrivées de touristes étrangers, l’augmentation des dépenses hôtelières et touristiques, et l’amélioration de l’expérience globale des visiteurs grâce à de nouveaux segments à haute valeur ajoutée: thalassothérapie, bien-être, golf, Mice (meetings, incentives, conferences, events) auxquels s’ajoute le tourisme culturel.
Toutefois, la dépense moyenne des touristes visitant la Tunisie demeure très faible en s’établissant à 230 dollars par touriste. Un niveau très éloigné des 866 dollars dépensés en moyenne par chaque touriste en Égypte.
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La raison est que la Tunisie a cédé au tourisme de masse avec des visiteurs arrivant à bord de vols charters affrétés par des tours opérateurs. Il s’agit de touristes globalement attirés par le balnéaire qui dépensent très peu. Pour améliorer ses recettes, la Tunisie devrait faire monter en gamme son tourisme en en améliorant la qualité et allongeant la durée moyenne des séjours. La Tunisie gagnerait également à diversifier son offre jusqu’à présent largement dominée par le balnéaire et miser sur la qualité des prestations à travers la promotion du tourisme culturel, écologique, sportif et de bien-être.
Maroc: 15 millions de touristes, la CAN en embuscade
Le Maroc maintient la cadence des arrivées de touristes. A fin septembre 2025, le Royaume a accueilli 15 millions de visiteurs, soit une hausse de 14%, par rapport à la même période de l’année dernière, selon les données du ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire. Il s’agit d’un niveau record jamais enregistré à cette époque de l’année qui vient confirmer la dynamique sur laquelle le Royaume s’est engagé depuis début 2025. «Ces 15 millions d’arrivées traduisent une stratégie qui porte ses fruits», s’est réjouie Fatim-Zahra Ammor, ministre de tutelle. Ces chiffres consolident la position du Royaume comme l’une des principales destinations touristiques de la région.
Derrière cette hausse, il y a la conjugaison de plusieurs facteurs: dynamique du secteur des voyages au niveau mondial, renforcement de la connectivité aérienne et promotion ciblée à l’international auprès des tours opérateurs. Le Maroc a également mis à profit les salons, amélioré l’expérience client grâce à une offre diversifiée (balnéaire, culturelle, sportive, nautique, loisirs et nature).
En clair, ces résultats confirment l’attractivité croissante du Maroc et la pertinence des actions de la «Feuille de route du tourisme 2023-2026» dont l’un des objectifs est de porter les arrivées à 26 millions de touristes. Ils résultent aussi de la stabilité politique et sociale, de la sécurité et la proximité géographique avec les grands marchés émetteurs.
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Les nuitées, selon les données disponibles à fin août 2025, se sont établies à 20,32 millions, contre 18,7 millions sur la même période de l’année dernière, soit une progression de 10%.
Ces touristes sont essentiellement européens: Français, Espagnols, Britanniques, Allemands et Italiens. Mais la majorité est constituée de Marocains résidant à l’étranger (MRE) qui en représentent la moitié. Durant les mois de juillet et d’août derniers, sur les 4,6 millions de touristes accueillis, 3 millions étaient des MRE, soit 65,23% des arrivées lors de la période estivale.
Le Maroc a accueilli 15 millions de touristes durant les 9 premiers mois de 2025 (+14%). Les recettes, à fin août 2025 ont atteint à 87,6 milliards de dirhams (soit 9,6 milliards de dollars), en hausse de 14,3%. . DR
Les recettes, à fin août 2025 -les données à fin septembre n’étant pas encore disponibles-, ont atteint à 87,6 milliards de dirhams (9,6 milliards de dollars), contre 76,4 milliards de dirhams à la même période de 2024, affichant ainsi une hausse de 14,3%.
Fait notable à fin août 2025, la progression des recettes (+14,3%) est désormais presque corrélée à celle des arrivées (+15% à 13,54 millions de touristes). Ainsi, la dépense moyenne d’un touriste s’est établie durant les huit premiers mois de l’année à 711 dollars.
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«Ces résultats témoignent du rôle essentiel du tourisme dans notre économie. En tant que pourvoyeur majeur de devises, le secteur contribue directement à la dynamique de croissance nationale», a souligné Fatim-Zahra Ammor.
Pour le dernier trimestre de l’année, la dynamique devrait se poursuivre grâce aux effets des leviers cités plus haut, mais aussi de l’impact de la CAN 2025 qui se jouera au Maroc du 25 décembre 2025 au 18 janvier 2026. Cette manifestation sportive devrait attirer de nombreux visiteurs, notamment les diasporas africaines vivant en Europe, particulièrement en France, Espagne, Italie, Belgique, Pays-Bas,...
Certains attribuent la relative décélération des arrivées de touristes durant la période juillet-septembre 2025, comparativement au rythme moyen du premier semestre, par des reports de voyage de la part de certains MRE en perspective de la CAN.
Rappelons que le secteur du tourisme a contribué à hauteur de 12,3% du Produit intérieur brut du Maroc en 2024, attestant du rôle stratégique du secteur dans l’économie nationale.
