Après le Maroc et son périple africain, le président français Emmanuel Macron se rendra en Algérie mercredi 6 décembre. Toutefois, vu la durée de ce séjour, il s'apparente plus à une escale politique qu’à une visite d’Etat. Avec une arrivée prévue à 15h à Alger pour rencontrer, au pas de charge, le Premier ministre Ahmed Ouyahia et probablement le président Bouteflika, Macron devrait s’envoler à 22 heures vers le Qatar. En tout, il passera à peine 7 heures en Algérie. Trop court pour une visite d’Etat.
Au cours de cet après-midi, le président français ne sera pas autorisé à rencontrer la société civile algérienne. En effet, les dirigeants algériens se méfient comme de la peste de la liberté de ton et des blagues du président français. Ayant beaucoup de choses à se reprocher, ils ne souhaitent pas faire les frais d’une plaisanterie comme celle que Macron a servie au président burkinabè.
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Du coup, les échanges avec les responsables algériens porteront uniquement sur le volet économique et le partenariat entre les deux pays. Tout au plus, après une virée encadrée dans le centre d’Alger, rencontrera-t-il les responsables et acteurs du secteur industriel.
Côté discours, le président français a prévenu: il n'y aura pas de repentance, douchant du coup l'ardeur des dirigeants algériens qui l’attendaient sur la question de la mémoire. Un sujet très sensible des deux côtés de la Méditerranée. Après des interventions tranchées sur la colonisation pendant la campagne présidentielle, qu'il avait qualifiée de «crime contre l’humanité», Macron a changé de posture. Les Algériens doivent se rendre à l'évidence: entre le candidat Emmanuel et le président Macron, un énorme fossé s'est creusé, qui s’explique par la réalité du pouvoir.
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D’ailleurs, dans un entretien accordé dimanche à la chaîne Trace TV, Macron a appelé à «dépassionner» la question de la colonisation. «J’ai souvent dit : ni déni, ni repentance. Il faut regarder les choses en face, c’est notre histoire commune», a-t-il expliqué.
En clair, ceux qui s’attendaient à l'écriture d’une nouvelle page dans les relations entre la France et l’Algérie devront attendre. Macron évitera les questions liées aux droits de l’Homme et à la mémoire. Dans le meilleur des cas, il condamnera, comme ce fut le cas à Ouagadougou, le système colonial.