Prise à la gorge, l’Algérie veut privatiser ses banques

DR

Le 26/09/2016 à 09h48, mis à jour le 26/09/2016 à 12h03

Un déficit budgétaire de 20,5% du PIB en 2016 oblige l'Algérie à envisager la privatisation des banques publiques. C'est ce qui se cache derrière la réforme de la loi 51/49%. Les investisseurs exigent de détenir au moins la majorité du capital. Cela permettra aussi de dynamiser la bourse d'Alger.

Kiosque Le360 Afrique. Derrière la réforme de la loi dite 51/49% se cache l’intention d’Alger de privatiser certaines entreprises, à commencer par les banques. Cette loi, faut-il le rappeler, limite la participation des étrangers à 49%. Comme nous l’écrivions dans Le360 Afrique, Alger envisage de changer ces dispositions pour fixer le maximum à 66%, soit deux tiers du capital. Il s’agira d’une véritable révolution dans un pays où l’Etat est le principal agent économique détenteur du capital des entreprises.

Selon la presse algérienne, six banques seraient concernées par cette première vague de privatisation qui devrait être salvatrice pour le budget, mais aussi pour le marché financier. 

Le principal objectif est de soulager la tension sur le Trésor. Les recettes tirées du pétrole ont reculé de 30%, par rapport aux années fastes. Actuellement, hors Fonds de régulation des recettes, le déficit budgétaire algérien devrait atteindre plus de 20,5% du PIB. En effet à fin juin 2016, le déficit était de 1.768 milliards de dinars, ce qui correspondrait à un déficit annualisé de 3.530 milliards de dinars, soit près de 29 milliards d'euros de déficit. C'est ce qu'exlique l'expert financier algérien Mohamed Kessal dans Algérie Focus.

Un véritable sacrilège dans un pays qui a toujours connu l’éxcédent budgétaire. C’est ce qui lui vaut d’avoir l’un des taux d’endettement les plus faibles dans le monde, avec une dette à 3% seulement du PIB. C’est dire qu’Alger est à présent pris à la gorge. 

Les investisseurs étrangers boudent

Mais la vraie raison pour laquelle Alger effectue ce virage, c’est que les investisseurs internationaux sont réticents à entrer dans le capital des banques s’ils ne sont pas certains d’en avoir le contrôle.

En 2011, le ministère des Finances avait essayé de céder une part du capital du Crédit populaire d’Algérie, sans avoir changé cette loi très restrictive. Résultat : l’américain City Bank, le français Crédit Agricole et l’espagnol Santander se sont retirés au dernier moment. Les banques internationales exigent d’avoir la garantie de contrôler au moins la majorité du capital de leur filiale. Sinon, elles peuvent se contenter d’une participation minoritaire. Sauf que dans une telle perspective, il est très difficile d’avoir deux banques dans le même tour de table.

Ces privatisations devraient se faire à travers la Bourse d'Alger, histoire de lui donner un peu de tonus. En effet, alors qu'à Casablanca ou au Caire le marché financier a atteint une certaine maturité, il en est à ses balbutiements à Alger. Seules 5 sociétés sont cotées sur la bourse. Il y a tout juste trois mois, en juin 2016, l'introduction de la cimenterie d'Ain El Kebria n'avait pas abouti, faute de souscription. C'est dire qu'il faut un véritable électrochoc pour que la place moribonde d'Alger se réveille enfin. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 26/09/2016 à 09h48, mis à jour le 26/09/2016 à 12h03