Algérie: le déficit commercial reste incontrôlable

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Le 20/11/2016 à 14h30, mis à jour le 20/11/2016 à 16h05

N’exportant presque que des hydrocarbures, l'Algérie voit son déficit commercial se creuser mois après mois. Les mesures prises pour freiner les importations n’ont pas compensé la baisse des exportations.

Le déficit commercial de l’Algérie continue à se creuser dangereusement. Et la situation ne devrait pas s'améliorer d'ici la fin de l'année en cours sachant que les exportations algériennes reposent uniquement sur un seul produit. En effet, les hydrocarbures assurent à elles seules plus de 95% des recettes d’exportations. Or, depuis deux ans, le cours du baril est à un niveau très bas. Conséquence, les recettes ne cessent de s’étioler.

Ainsi, à fin octobre 2016, les exportations se sont établies à 22,74 milliards de dollars, contre 29,7 milliards de dollars, selon les données des Douanes algériennes, soit une baisse de 23,44% (-7 milliards de dollars).

Parallèlement, les importations se sont établies à 38,54 milliards de dollars, contre 43,46 milliards de dollars à fin octobre de la même période de l’année dernière, soit une contraction de 11,34% (-4,93 milliards de dollars). Cette baisse de la facture des importations s’explique notamment par la politique d’austérité adoptée par le gouvernement et se traduisant par le gel de certains investissements et les mesures restrictives visant à réduire certaines importations en mettant en place des quotas comme c’est le cas pour les véhicules, le ciment et les matériaux de construction.

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Malgré ces mesures, le rythme de baisse de la facture des importations a été moindre par rapport à celui des exportations. Du coup, le déficit commercial s’est aggravé d’un milliard de dollars comparativement au mois d’août pour s’établir à 15,8 milliards de dollars à fin octobre, contre 13,7 milliards à la même période de l’année dernière.

L’aggravation du déficit commercial va impacter celle du déficit du compte courant et le niveau des réserves en devises du pays. Cette situation appelle à une diversification rapide des exportations du pays. Toutefois, la conjoncture n’est plus aussi favorable pour que les entreprises puissent bénéficier des soutiens de l’Etat afin de se restructurer et d'affronter le marché international. C’est dire que le seul salut actuel qui pourrait freiner l’aggravation du déficit commercial reste un retournement de conjoncture au niveau du cours du baril de pétrole sur le marché international. C’est pourquoi Alger essaye par tous les moyens de trouver un consensus au sein des pays producteurs de pétrole, notamment auprès de l’Arabie saoudite et l’Iran, afin que ceux-ci réduisent leur production pour soutenir les cours du brut. Pour le moment, on est loin du consensus au sein des producteurs de l’or noir.

Par Karim Zeidane
Le 20/11/2016 à 14h30, mis à jour le 20/11/2016 à 16h05