Algérie: les inquiétantes perspectives de croissance du FMI

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Le 18/04/2017 à 18h40, mis à jour le 18/04/2017 à 19h10

Le Fonds monétaire international (FMI) n’est pas optimiste pour l’Algérie. L’institution table sur une chute de la croissance du PIB en en 2017 et une stagnation en 2018. Le nombre de chômeurs va croître sensiblement.

Décidément l’Algérie semble loin de sortir de la crise. Selon les données du rapport préliminaire du Fonds monétaire international (FMI) portant sur les perspectives économiques mondiales, la croissance de l’économie algérienne devrait prendre un coup en 2017 et en 2018.

En 2017, l’institution table sur une décélération de la croissance avec une hausse du PIB de l’ordre de 1,4%, après une croissance de l’ordre de 4,2% en 2016. Pire encore, l’économie algérienne devrait stagner en 2018 avec une progression du PIB de seulement 0,6%.

Bref, la crise devrait continuer d’affecter l’économie du pays alors que le FMI table sur une légère reprise de l’économie mondiale avec des croissances de l’ordre de 3,5% en 2017 et 3,6% en 2018.

Les conséquences de cette quasi-stagnation de l’économie algérienne risquent d’être désastreuses. D’abord, avec une croissance aussi minime, l’économie algérienne va détruire des emplois au lieu d'en créer. Ainsi, selon les projections du FMI, le taux de chômage va croître de 2,7 points entre 2016 et 2018 pour passer de 10,5% à 13,2%.

Une situation qui va augmenter la précarité et les vulnérabilités d’une population lourdement touchée au cours de ces derniers mois par les politiques mises en place par le gouvernement pour faire face à la chute des recettes budgétaires, avec notamment la hausse des taxes (TVA) et l’augmentation des prix d’un certain nombre de produits dont les carburants.

La situation sociale est aussi touchée par le niveau de l’inflation qui réduit le pouvoir d’achat des ménages et appauvrit encore certaines couches de la population algérienne. Le FMI table sur un taux d’inflation de 4,8% en 2017 et 4,3% en 2018, un niveau supérieur aux objectifs du gouvernement algérien. Et la réalité dépasse ces niveaux pour les ménages algériens qui doivent faire face aux conséquences de la politique adoptée par le gouvernement pour limiter les importations.

Les quotas et les interdictions d’importation ont entraîné des pénuries de nombreux produits importés, en particulier de produits alimentaires, entraînant une flambée des prix qui a réduit considérablement le pouvoir d’achat des ménages algériens des plus pauvres et celui de la classe moyenne. C'est le prix que le gouvernement fait payer aux citoyens pour réduire le déficit du compte courant. 

Pourtant, pour le FMI, l’Algérie peut améliorer la situation de ses finances publiques, tout en préservant certains acquis sociaux. Outre l’utilisation de ses réserves, le pays présente un niveau d’endettement faible qui lui permet de recourir au marché international de la dette.

Toutefois, les dirigeants préfèrent la manière forte qui consiste à taxer davantage les citoyens et donc à les appauvrir et à limiter les importations, même celles qui sont essentielles et sans substituts locaux pour au moins présenter des indicateurs macroéconomiques témoignant d'un semblant d’équilibre.

Par Karim Zeidane
Le 18/04/2017 à 18h40, mis à jour le 18/04/2017 à 19h10