En Algérie, la réduction de la facture des importations est la priorité de tout gouvernement. Tant pis si elle n'est pas réalisée. Au moins faut-il avancer des chiffres colossaux. Ainsi, en 2016 et 2017, le gouvernement Sellal avait, à chaque fois, annoncé des réductions de 15 milliards de dollars. Et au finish, le compte était loin d’être bon.
Le nouveau gouvernement d’Ahmed Ouyahia n’a pas dérogé à la règle. Le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, a annoncé une réduction de la facture des importations de 10 milliards de dollars au titre de l’exercice 2018.
Toutefois, cet objectif est irréalisable, dans la mesure où la marge de manœuvre du gouvernement en matière de réduction des importations semble avoir atteint ses limites. En effet, grâce à la politique des licences d’importation instaurées par les pouvoirs publics sur un certain nombre de produits, aux interdictions d’importation et aux quotas touchant de nombreux produits, le gouvernement est arrivé à réduire la facture des importations à un niveau record de 60 milliards de dollars en 2014, à 51,7 milliards de dollars en 2015 (-8,3 milliards de dollars), avant de baisser à nouveau à 46,72 milliards en 2016 (-4,98 milliards de dollars).
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Pour l’année en cours, elle devrait s’établir, selon les projections du ministre des Finances, autour de 44 milliards de dollars, alors que le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, estime que la facture des importations devrait osciller en 2017 entre 40 et 41 milliards de dollars.
Et selon ces projections, la baisse de la facture des importations sera comprise cette année, dans le meilleur des cas, entre 3 et 6 milliards de dollars.
Toutefois, d’après les chiffres disponibles au terme des 9 premiers mois de l’année en cours, malgré une annonce de réduction de 15 milliards de dollars par l’équipe de l’ancien gouvernement Sellal au titre de l’exercice 2017, la baisse de la facture des importations n’a été que de 1,01 milliard de dollars, à 33,92 milliards de dollars, contre 34,93 milliards de dollars à la même période de l’année dernière. Impossible dans ces conditions d’atteindre l’objectif de réduction de 15 milliards de dollars en 2017.
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Pourtant, le gouvernement a mis les bouchées doubles. Aucune licence d’importation de véhicules neufs n’a été donnée cette année. Les importations de certains produits du secteur des matériaux de construction ont été interdites; idem pour des produits agricoles et industriels soumis à licence.
Malgré tout, la facture n'a pas vraiment baissé. En clair, les politiques de licences d’importation et de quotas ont atteint leurs limites et les produits que le pays importe actuellement ne peuvent que difficilement faire l’objet de compression, car il s’agit plus globalement de produits non fabriqués en Algérie ou fabriqués en quantités très insuffisantes.
En outre, les réductions de la facture en 2015 et 2016 ont été soutenues par la politique de gel des importations. Cette politique n’a fait qu’aggraver la crise et l’heure est à la relance. Une relance qui passera nécessaire par une hausse des importations des biens d’équipement et des demi-produits.
Bref, la politique de limitation des imporations, si elle a permis de réduire la facture, a surtout eu un impact négatif sur le citoyen algérien. En effet, les quotas et les interdictions d'importation de biens ont eu comme conséquence la hausse des prix de nombreux produits, réduisant du coup le pouvoir d'achat des citoyens.