Algérie. Planche à billets: environ 2.200 milliards de dinars créés en un mois

DR

Le 05/03/2018 à 16h33, mis à jour le 05/03/2018 à 16h36

La Banque d’Algérie vient d’annoncer avoir créé 2.185 milliards de dinars en novembre 2017 dans le cadre du financement non conventionnel. Voilà qui dépasse largement les prévisions du ministre des Finances et donne une idée de l’ampleur de la crise économique que traverse l'Algérie.

Face au déficit budgétaire et aux besoins de financement de l’économie algérienne, le gouvernement d’Ahmed Ouyahia a pris la décision en juin 2017 de recourir au financement non conventionnel, plus connu sous l’appellation de «planche à billets». Ce pour financer les besoins du Trésor, rembourser la dette intérieure et alimenter le Fonds national d’investissement.

Et d’après la Banque d’Algérie, 2.185 milliards de dinars, soit l’équivalent de 19 milliards de dollars, ont été créés en novembre 2017. Un niveau de création monétaire extrêmement élevé qui atteste de l’ampleur du déficit budgétaire et des besoins de financement de l’économie algérienne. D’ailleurs, le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait annoncé en septembre que sans la planche à billets, «l’Etat ne pourra plus payer les salaires», après avoir déclaré l’Etat en quasi-faillite et incapable d’assurer les dépenses publiques.

Et bizarrement, mi-décembre 2017, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, avait annonçait que les besoins du Trésor en matière de financement non conventionnel ressortaient à seulement 570 milliards de dinars en 2017, 1.815 milliards en 2018 et 580 milliards en 2019. Or, selon les données de la Banque d’Algérie, sur le seul mois de novembre, cette création monétaire a dépassé presque 4 fois le montant annoncé par le ministre, au titre de l’exercice 2017.

Cette situation illustre parfaitement l’opacité du système algérien et l’absence de données fiables faisant que les comptes sont soit exagérés, soit sous-évalués.

Une chose est toutefois certaine, le recours massif à cet instrument de financement atteste que l’économie algérienne est en très mauvaise passe à cause du niveau du cours du baril de pétrole, sachant que les hydrocarbures génèrent près de 70% des recettes fiscales, 98% des recettes des exportations et une partie significative du PIB. Quant aux réserves de change, elles ont maigri de moitié alors que le fonds souverain algérien est à sec. Du coup, en plus du financement du déficit, une grosse partie du montant devrait être affectée au Fonds national d’investissement dans le but de stimuler le secteur productif.

En attendant, si la planche à billets permet le remboursement de la dette intérieure, son impact sur la création de la richesse n’est pas certain. Par contre, elle génère mécaniquement une hausse des prix et l’inflation se situe actuellement entre 6 et 7%.

Par Karim Zeidane
Le 05/03/2018 à 16h33, mis à jour le 05/03/2018 à 16h36