Algérie. Inquiétude des majors pétrolières: Exxon Mobil suspend la signature d’un contrat avec Sonatrach

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Le 21/03/2019 à 11h28, mis à jour le 21/03/2019 à 11h53

Revue de presseLes majors du secteur du pétrole et du gaz sont inquiets de la situation qui prévaut en Algérie. Le géant Exxon Mobile a suspendu ses discussions avec Sonatrach, relatives à la signature d’un contrat préliminaire de développement de la filière du gaz naturel. Voici les raisons de ces inquiétudes.

La situation politique qui prévaut en Algérie inquiète les majors du secteur des hydrocarbures. Il faut dire que vu les montants colossaux que nécessitent les investissements dans les industries d’hydrocarbures, les géants du secteur ont besoin d’un certain nombre d’assurance et de certitudes que la situation actuelle en Algérie ne leur offre pas.

Une situation qui s'explique par la contestation populaire de grande ampleur que traverse actuellement le pays, après la décision du président Bouteflika de se porter candidat à un cinquième mandat, puis de prolonger sine die son actuel quatrième mandat. 

C'est dans ce cadre que s'inscrit l'inquiétude d'Exxon Mobile qui a rompu un contrat avec la Sonatrach. Selon l'agence britannique Reuters, la rupture des négociations entre Exxon Mobile et Sonatrach s'explique par le statut désormais jugé gênant du PDG de la firme algérienne, Abdelmoumen ould Kaddour, qui fait partie de la nomenklatura contestée par la rue algérienne.

Abdelmoumen ould Kaddour avait pourtant multiplié les sorties au cours de ces derniers mois, pour annoncer l’arrivée en Algérie du premier groupe pétrolier mondial, Exxon Mobile Corp.

Face aux incertitudes qui prévalent actuellement en Algérie, les dirigeants de la firme américaine ne souhaitent pas finaliser cet accord, pourtant très attendu, avec cet homme qui a été nommé par le président Abdelaziz Bouteflika lui-même, et dont les jours à la tête de l’Algérie sont aujourd'hui comptés.

Les dirigeants d'Exxon Mobile ont donc décidé de surseoir à la signature de l’accord préliminaire, en attendant de voir plus clairement l’évolution de la situation politique du pays, alors que les deux entreprises négociaient depuis quelques mois déjà ce projet de développement d’un champ gazier dans le bassin d’Ahnet, dans le sud-ouest algérien.

Outre Exxon Mobile, les autres géants pétroliers présents en Algérie sont inquiets de la situation qui prévaut dans ce pays et de l’avenir de leurs investissements. Selon Wall Street Journal, les compagnies qui ont des contrats ou qui prévoient d’en signer avec la Sonatrach ont «des doutes sur les transactions pétrolières et gazières».

«Une transition politique controversée en Algérie crée une incertitude autour d’un certain nombre de contrats d’investissements étrangers dans le plus grand pays producteur de gaz naturel en Afrique», souligne à cet égard The Wall Street Journal, ce quotidien américain de référence fait bien entendu référence aux géants pétroliers dont Exxon Mobile, BP, etc. 

Plus grave encore, l'agence américaine du groupe médiatique Bloomberg souligne, de son côté, qu’une «aggravation de la crise politique en Algérie rend sa future production extrêmement incertaine».

Les mouvements de grèves déclenchés par les salariés de certains sites du groupe Sonatrach, dans le but de soutenir les manifestations visant à mettre fin au système politique en place pourraient, selon cette source, perturber la production et les exportations du pays, alors que les capacités de stockage du groupe sont limitées.

Sachant que l’Algérie dépend à hauteur de plus de 96% de ses recettes d’exportation des hydrocarbures et dérivées, les dirigeants algériens ont intérêt à trouver des solutions rapides à cette crise politique majeure, qui risque d’avoir des répercussions graves sur l’économie du pays. Et en attendant, les majors internationales préfèrent observer un prudent «wait and see»... 

Par Karim Zeidane
Le 21/03/2019 à 11h28, mis à jour le 21/03/2019 à 11h53