On aura tenté bien des choses sans succès. A croire que rien n'arrête le déséquilibre de la balance commerciale. Mais, le ministre algérien délégué au Commerce extérieur, Aissa Bekkai, vient de sortir de son chapeau de nouvelles idées pour stopper le désastre qui guette le pays.
Comme ses prédécesseurs, il pense imposer aux importateurs de nouvelles règles restrictives afin de limiter la sortie de devises. Son idée est de restreindre les domaines d'activités des acteurs du secteur à un seul type de produit. Car pour lui, tout est la faute de la formulation de l'objet commercial des entreprises.
"Si vous voyez le registre de commerce, on y donne une panoplie d’activités. Il y a beaucoup d’interférences, de libertés et de permissivité dans l’acte d’importation", a-t-il expliqué dans un entretien à la chaîne de radio publique Canal 3. Selon lui, il n'est pas rare de voir un commerçant qui "importe aujourd’hui les légumes secs, demain les pneus, après-demain la quincaillerie". Estimant qu'il y a "beaucoup [trop] de codes donnés sur un même registre de commerce", pour lui, il faut imposer "un groupe d'activités homogènes".
Les Algériens auront donc bientôt droit à une énième réglementation qui tentera de réussir là où toutes les autres règles restrictives ont déjà échoué.
En effet, avant cette idée dont la pertinence reste à établir, les gouvernements précédents avaient pensé, par exemple à une liste de 962 produits autorisés à l'importation. Il y a eu également, les autorisations préalables d'importation qui avaient donné lieu à tous les trafics, car les fameux documents étaient eux-mêmes l'objet d'un commerce florissant entre membre de l'administration et les importateurs. Et c'est justement Abdelmadjid Tebboune, alors Premier ministre de Bouteflika en juillet 2017, qui en avait eu la lumineuse idée. Elle a fait pschitt.
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Cette nouvelle règle pourrait, en outre, être très facilement contournée puisqu'il suffira d'avoir des sociétés juridiquement distinctes avec des objets commerciaux différents pour réaliser les importations souhaitées.
Le vrai problème est ailleurs. Il réside dans l'absence d'une production locale capable de se substituer aux importations. En effet, l'Algérie importe son blé, son sucre, ses voitures et même son hydrocarbure raffiné à coup de dizaines de milliards de dollars. Les importations du pays atteignent, bon an mal an, quelque 40 à 45 milliards de dollars.
Or, les exportations se limitent encore aux produits pétroliers et gaziers bruts qui ont, malheureusement, subi les contrecoups de chute des marchés internationaux. C'est ce qui explique que depuis 2014, les réserves de change ont fondu comme neige au soleil. Elles sont passées de 193 milliards de dollars en mai 2014 à quelque 62 milliards en fin décembre 2019. Et l'année 2020, étant la pire que connaîtra l'économie algérienne depuis l'Indépendance, les réserves reculeront encore d'une bonne vingtaine de milliards de dollars encore. Il en faudra beaucoup d'autres règles avant d'espérer arriver à redresser la barre.