Algérie: voici le montant ridicule de la dotation touristique

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Le 24/07/2020 à 14h03, mis à jour le 24/07/2020 à 16h02

L’allocation touristique accordée aux Algériens qui souhaitent se rendre à l’étranger est tombée autour des 100 euros dans le sillage de la dépréciation du dinar. Un montant dérisoire comparativement à ceux alloués aux Marocains et aux Tunisiens.

Les nombreux Algériens qui souhaitent séjourner à l’étranger sont mal lotis en matière de dotation touristique. En effet, la Banque d’Algérie ne leur accorde qu’un montant dérisoire de 15.000 dinars par an, selon une instruction fixée par l’institution dans son article du 2 d’août 1997: «le montant annuel du droit de change pour dépenses liées à des voyages à l’étranger est fixé à la contre-valeur en devises de quinze mille dinars algériens pour chaque année civile». Or, selon les cours du change du jeudi 23 juillet (148,27 dinars pour un euro), les 15.000 dinars valent 101 euros.

Et malheureusement, ce montant, fixé en 1997 alors que l’Algérie était confrontée à une grave crise économique avec un baril de pétrole autour de 18 dollars et dépendait des devises du Fonds monétaire international (FMI), n’a pas été modifié alors que le dinar n’a pas cessé de se déprécier vis-à-vis des principales devises que sont l’euro et le dollar. Ainsi, s’il fallait 57,71 dinars algériens pour un dollar en 1997, il en faut actuellement 128 pour atteindre ce même dollar.

Cette dépréciation du dinar n’a pas été compensée par une revalorisation du montant de la dotation touristique resté fixe depuis 23 ans. Si au départ ce montant se justifiait par la volonté d’éviter des sorties de devises du pays, le montant a été maintenu durant les années fastes de la flambée des cours du baril de pétrole qui ont pourtant impacté très positivement les réserves de change du pays, lesquelles avaient atteint en 2014 un pic de 194 milliards de dollars.

Malheureusement, depuis cette date, la crise financière s’est installée dans le sillage de la chute des cours du baril de pétrole, dévoilant plus globalement les faiblesses structurelles de l’économie algérienne totalement dépendante de la rente pétrolière qui lui assure 95% de ses recettes d’exportation et 60% des ressources budgétaires. Les déficits de la balance commerciale et des opérations courantes se sont creusés et les réserves de change ont fondu.

Du coup, la valeur du dinar devant refléter la santé de l’économie algérienne n’a cessé de se déprécier, entraînant avec elle la maigre dotation touristique accordée aux Algériens.

Partant, exprimé en devises étrangères, le montant de la dotation touristique ne cesse de s’étioler pour devenir insignifiant. Il est ainsi tombé à 135 euros en 2015, 120 euros en 2016, 105 euros en 2017 pour atteindre 101 euros actuellement.

Un montant qui devrait continuer à baisser sachant que le dinar algérien connaît une accélération de sa dépréciation vis-à-vis de l’euro et du dollar. Depuis le début de l'année en cours, la monnaie algérienne s'est dépréciée de 10,77% par rapport à l'euro. C'est dire que la dotation devrait tomber bientôt sous la barre des 100 euros. 

Mais que peut offrir une telle allocation à un touriste algérien? Absolument rien. En effet, 95 euros permettent tout juste de payer le taxi du trajet de l’aéroport à la ville européenne et une seule nuitée, au plus, dans un établissement hôtelier faiblement classé.

Face à cette situation ubuesque, les Algériens recourent au marché parallèle pour se procurer les devises nécessaires aux frais de voyage à l’étranger. Du coup, le marché parallèle est devenu le principal baromètre du marché de change algérien. Sur ce marché, il faut débourser aujourd’hui autour de 200 dinars pour un euro.

Enfin, il faut souligner que comparativement aux ressortissants des pays voisins du Maghreb, les Algériens sont peu favorisés. En effet, ce sont les Marocains qui sont les mieux lotis avec une dotation touristique fixée à 45.000 dirhams (elle était de 40.000 dirhams depuis 2013), soit 4.113 euros, par année civile. Mieux, ce montant peut être majoré d’un supplément équivalant à 10% de l’impôt sur le revenu supporté par le bénéficiaire, avec un plafond ne pouvant pas dépasser 100.000 dirhams, soit 9.141 euros.

En outre, cette dotation peut être cumulée totalement ou partiellement, à l’occasion d’un même voyage, avec toute autre dotation en devises accordée en vertu des dispositions ou d’autorisations particulières accordées par l’Office des changes.

Quant aux Tunisiens, ils bénéficient d’une dotation touristique de 6.000 dinars, soit environ 1.770 euros. Un montant en euro qui reste relativement appréciable, malgré sa baisse à cause de la dépréciation de la monnaie tunisienne au cours de ces dernières années.

Par Moussa Diop
Le 24/07/2020 à 14h03, mis à jour le 24/07/2020 à 16h02