Algérie. Pétrole: après la perte de son principal client, l'Espagne, la Sonatrach chassée du Liban

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Le 04/08/2020 à 11h45, mis à jour le 06/08/2020 à 08h50

Suite à la fraude dont la Sonatrach s'est rendue coupable, le gouvernement libanais ne veut plus dépendre de la compagnie algérienne pour l'alimentation de ses centrales électriques. Il va lancer une série d'appels d'offres pour trouver d'autres fournisseurs en carburant.

Les déboires de la Sonatrach, la compagnie pétrolière algérienne se multiplient. Après avoir perdu en début d'année son plus gros client qu'était l'Espagne, la voilà sur le point d'être chassée du Liban à cause d'un scandale de pétrole frelaté. 

Selon l'agence Bloomberg, qui cite Raymond Ghajar, ministre libanais de l'Energie, Beyrouth est à la recherche d'autres fournisseurs que l'entreprise nationale algérienne et devrait lancer plusieurs appels d'offres dans ce sens. 

«Nous ne voulons pas qu’un seul fournisseur approvisionne tout le carburant», a-t-il dit. «Nous préférerions en avoir plusieurs. Si nous rencontrons un problème, nous pouvons en utiliser un autre», a-t-il précisé.

En réalité, les autorités libanaises ont été échaudées par l'énorme scandale qui a éclaté au mois de mars dernier, impliquant les responsables locaux de la Sonatrach, lesquels sont d'ailleurs actuellement en prison. Ces derniers avaient soudoyé des intermédiaires pour fermer les yeux sur la mauvaise qualité du carburant venant de la vieille raffinerie d'Augusta en Italie.

Au total, 17 personnes ont été arrêtées "après des preuves de grandes irrégularités dans l'importation de fuel et des pots-de-vin impliquant des employés haut placés du secteur", selon un communiqué diffusé alors par la procureure générale près la cour du Mont-Liban. 

Si les autorités ont décidé de mettre fin à leur relation avec la Sonatrach, c'est parce que, suite à ces fraudes, le pays a dû faire face à des coupures répétitives d'électricité. 

La compagnie algérienne ne dispose plus que d'un court répit avant de voir son juteux contrat avec le Liban lui échapper. En effet, il lui reste à peine cinq mois, avant que ledit contrat arrive à échéance, fin 2020. 

Il convient de rappeler que les entreprises espagnoles également ont quant à elles considérablement réduit leurs importations de gaz en provenance d'Algérie. En effet, devant le refus de la Sonatrach de renégocier les contrats, elles ont préféré se tourner vers des fournisseurs américains qui vendent à des prix 75% moins chers que ceux stipulés dans le contrat avec la compagnie algérienne. Du coup, les Etats-Unis sont devenus cette année, le premier pourvoyeur de gaz des sociétés électriques espagnoles. 

Par Djamel Boutebour
Le 04/08/2020 à 11h45, mis à jour le 06/08/2020 à 08h50