Après moult tergiversations et des politiques contradictoires, preuves d’un manque de vision, le ministre de l’Industrie algérien, Ferhat Aït Ali, n’arrive pas à rassurer les acteurs du secteur du montage automobile dont toutes les unités sont à l’arrêt depuis plus de 10 mois.
En effet, après avoir annoncé un cahier des charges, dont lui-même a reconnu l’impossibilité qu’il soit respecté par les investisseurs du secteur, dont notamment l’élément fondamental du taux d’intégration fixé à 30% au départ, dans sa sortie, dimanche 27 décembre, sur la Chaine Une de la radio algérienne, le ministre de l’Industrie a expliqué que son département a mis en œuvre une nouvelle politique visant la mise en place d’une véritable industrie automobile en Algérie, avant d’ajouter que «des discussions ont été engagées avec les Allemands et d’autres opérateurs mondiaux pour lancer une véritable industrie de véhicules touristiques et utilitaires».
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Seulement, à travers cette sortie, le ministre n’apporte rien de concret. Pis, en ne donnant aucune idée sur les démarrages effectifs de la production et encore moins les noms des constructeurs intéressés par une implantation en Algérie, le ministre reste cantonné dans des annonces qu'il multiplie depuis bientôt une année sans que les Algériens n’entrevoient un début de solution à la crise que traverse l’industrie automobile du pays et les importations de véhicules.
De plus, les autorités algériennes manquent de vision stratégique en tablant uniquement sur des constructeurs étrangers pour mettre en place une véritable industrie automobile qui pourrait être l’un des poumons de l’activité industrielle algérienne, comme c’est le cas au Maroc où l’automobile, grâce à une vision claire qui a permis à ce secteur de devenir, en 2019, le premier secteur exportateur devant les phosphates et dérivés. Cela d’autant plus que l’Algérie était le second pays importateur de véhicules neufs du continent jusqu’en 2015, derrière l’Afrique du Sud.
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Mais, pour développer cette industrie, il faut une vision à moyen et surtout long termes se basant sur la mise en place d’un écosystème automobile avec des fournisseurs et des équipementiers automobiles à même de fournir aux constructeurs mondiaux qui s’implantent une partie non négligeable des composants rentrant dans leur production de véhicules. Or, si actuellement les équipementiers et fournisseurs sont fortement présents au Maroc, en Tunisie et en Egypte, ils sont absents en Algérie.
Du coup, un constructeur qui s’implante en Algérie doit aussi apporter des équipementiers et fournisseurs pour arriver à un taux d’intégration obligatoire de démarrage de 30%.
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Dans l'absence de cet écosystème, il est impossible d’arriver à un taux d’intégration locale comme le stipule le cahier des charges concocté par le ministre de l’Industrie. Lui même avait reconnu que «30% d’intrants locaux est un taux quasiment impossible, sauf si on construit la carrosserie localement». C’est dire le cafouillage énorme qui entoure l’encadrement de ce dossier de montage automobile.
Ainsi, après plus d’une année à la tête du ministère de l’Industrie, Ferhat Aït Ali, très critique envers le secteur et prolifique en termes de propositions lorsqu’il n’était pas ministre, semble désormais perdu dans ses choix stratégiques, si choix il y a tant il a multiplié les annonces avant de les reconsidérer par la suite.
Toutefois, avec cette sortie, le ministre donne une idée claire de l’inquiétude des dirigeants politiques algériens en soulignant que «la gestion des revenus pétroliers, notamment avec la baisse des prix, se fait selon les priorités, précisant que la priorité actuellement est l’épidémie de Covid-19, et pas l’automobile».
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Mieux, contrairement aux données des autorités, le ministre révèle à l’occasion que les réserves de changes du pays s’établissent sous la barre des 30 milliards de dollars, à 29 milliards de dollars à fin 2020, selon ses estimations, alors que les autorités estimaient celles-ci légèrement au-dessus des 40 milliards de dollars. On comprend alors l’inquiétude des autorités et la satisfaction du ministre quand il explique que le pays a économisé plus de 3 milliards de dollars, rien qu’au niveau du secteur automobile en interdisant les importations de véhicules neufs, d’occasion et des kits automobiles destinés au secteur du montage.
«Avec la baisse des réserves de change, des prix de pétrole, nous devons préserver les réserves, unique garantie du dinar et de la souveraineté du pays pour le fonctionnement de l’économie et de la vie publique», ajoute le ministre.
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Et pour répondre aux Algériens qui se plaignent de ne pas pouvoir se procurer de véhicules neufs ou d’occasion, il explique qu’«il ne faut pas que le citoyen fixe lui-même ses besoins personnels ou catégoriels concernant les importations du pays». D’ailleurs, cette sortie a été aussi l’occasion pour lui de revenir sur certains dossiers relatifs aux importations de véhicules neufs et d’occasion.
Concernant les véhicules neufs, il a expliqué que 180 dossiers de candidatures de construction et de concessionnaires ont été déposés, soulignant que certains d’entre eux ne répondaient pas aux cahiers des charges. Toutefois, les importations de véhicules neufs ne sont pas une priorité, a-t-il expliqué.
Sur ce point, les Algériens attendent du concret pour pouvoir, à nouveau, acheter les véhicules qu'ils souhaitent. Toutefois, le niveau des réserves des changes risque de les faire attendre encore longtemps.
Quant aux importations de véhicules d’occasion de moins de 3 ans, le ministre a expliqué que le dossier «est définitivement clos», car, explique-t-il, il est impossible d’appliquer l’article 110 de al loi de Finances 2020 autorisant l’achat en extérieur de «véhicules d’occasion».