Après une année de privation en véhicules neufs, les Algériens qui en ont les moyens pourront prochainement se procurer de voitures neuves sur le marché.
«Un accord unanime au niveau du gouvernement pour libérer l’importation des véhicules neufs afin d’alimenter le marché national en véhicules de tout genre, notamment utilitaires, qui sont nécessaires pour les institutions et les commerçants», a révélé le ministre de l’Industrie Ferhat Aït Ali, qui intervenait sur la station de radio Chaîne 2. Cette autorisation vise à «alimenter le marché national», a-t-il expliqué.
Toutefois, il n’y aura pas de véhicule en suiffisance, pour l'ensemble des candidats à l’achat d’un véhicule neuf.
En effet, les autorités ont fixé un quota pour les importations de voitures neuves au titre de l’année 2020. En effet, «les importations des véhicules touristiques ou utilitaires, camions y compris, seront plafonnées à 2 milliards de dollars au grand maximum», a souligné le ministre, ajoutant que «les véhicules touristiques de hautes gammes seront surtaxés».
Lire aussi : Les Algériens, privés de véhicules neufs et d’occasion: récit du fiasco d’une désastreuse politique automobile
En clair, les dizaines de concessionnaires qui seront agréés auront la possibilité d’importer autour de 100.000 véhicules, toutes catégories (utilitaires, camions, etc.) et marques confondues. Un nombre très en-dessous des besoins du marché.
Avec cette décision, les autorités algériennes essayent de faire face à la demande de la population, qui est confrontée à une absence d’offre de véhicules suite aux interdictions d’importations de véhicules neufs et d’occasion par les autorités, et à l’arrêt de l’industrie du montage automobile suite à l’arrêt des importations de kits automobiles par les gouvernement d’Abdelmadjid Tebboune, dès le début de l’année dernière dans le but d’arrêter l’hémorragie qu’occasionne les importations de kits automobiles.
En effet, l’Algérie était le second marché de véhicules neufs du continent derrière l’Afrique du Sud. Et la demande actuelle du marché, après une année sans importation et une pénurie exceptionnelle de voitures, tournerait autour de 500.000 unités. Avant la mise en place des quotas d’importations en 2015, le pays importait plus de 350.000 unités par an, avec un pic de plus de 554.000 véhicules neufs importés en 2014, l’année de la flambée des cours du baril de pétrole, avec une facture des importations dépassant les 7 milliards de dollars.
Lire aussi : Algérie: le ministre de l'Industrie cafouille encore sur la stratégie automobile
Ensuite, en fixant le montant maximum de la valeur des importations à 2 milliards de dollars, les autorités affichent leur détermination à limiter les voitures neuves importées afin de préserver les réserves de changes du pays.
La préservation des réserves de changes est devenue la priorité du gouvernement de Tebboune, qui doit trouver une parade à l’épuisement des devises du pays.
Ainsi, tous les responsables sont sommés de réduire la facture des importations et de rationnaliser leurs dépenses afin de préserver les avoirs en devises du pays. D’ailleurs, le ministre du Transport et le PDG d’Air Algérie ont été limogés après avoir importé des fournitures pour le services catering d’Air Algérie.
Une leçon adressée aux autres membres du gouvernement, qui doivent désormais mûrement réfléchir avant de prendre une décision d’importations de biens et donc de sortie de devises du pays.
Lire aussi : Algérie. Automobile: le ministre de l’Industrie explique ses choix et les Algériens attendent du concret
En effet, en attendant que la Banque d’Algérie annonce le niveau exact des réserves de change, le ministre de l’Industrie avait estimé celles-ci à 29 milliards de dollars, alors que de nombreux observateurs pensent qu'elles devraient se situer autour de 20 milliards de dollars. Une chose est sûre, les autorités algériennes surveillent, comme le lait sur le feu, le niveau des réserves de change, en scrutant la moindre importation de biens.
Enfin, cette sortie médiatique a été l’occasion pour le ministre de l'Industrie de revenir sur la mise en place d’une véritable industrie automobile.
A ce titre, Ferhat Aït Ali a réaffirmé la volonté du gouvernement de maintenir le taux d’intégration locale à 30%, dès le début de la phase de démarrage des activités des constructeurs qui souhaitent s’implanter en Algérie.
Un niveau d’exigence de contenu local qui décourage les opérateurs automobiles mondiaux, qui devront partir du néant pour construire tout un écosystème automobile afin de disposer des fournisseurs et équipementiers avant de démarrer leur activité.
En attendant, le ministre continue à avancer que l’Algérie est en discussion avec deux constructeurs automobiles de renom en vue d’implantations en Algérie, sans toutefois avoir pipé mot sur l’identité de ces mystérieux interlocuteurs.