La crise de l’huile de table prend au fil des jours une ampleur inquiétante et même incontrôlable. Les bousculades dans une grande surface à Sétif en vue d’obtenir quelques litres d’huile de table et les images de citoyens sortant des centres commerciaux avec des caddy remplis uniquement de bidons d’huile font le tour des réseaux sociaux.
En Algérie, l’huile de table est tout simplement devenue une denrée rare qu’on se procure par tous les moyens, y compris par la force de ses muscles. Ainsi, ce produit de grande de consommation, est devenu objet de trafic. Des fraudeurs se sont constitués dans tout le pays pour détourner des bidons d’huile de table afin de les vendre au marché noir à des prix exorbitants.
Même sur le marché, le prix du bidon de 5 litres de la marque Elio de Cévital est passé de 590 à 670 dinars algériens depuis le début du mois de mar. Pourtant, le prix de l’huile de table est plafonné par un dispositif commercial depuis 2011. Ainsi le plafond du bidon de 5 litres est fixé à 600 dinars.
Seulement, ce prix est valable dans le cadre d’une situation normale. Or, aujourd’hui, il est difficile de se procurer de l’huile dans de nombreux centres commerciaux et commerces de détails. Du coup, l'huile est vendue de manière frauduleuse et les prix explosent.
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Du coup, la fraude touche toutes les régions du pays. Selon Algérie Part, «à Touggourt, une ville située à 612 km au sud de la capitale Alger, les forces de la gendarmerie nationale ont procédé à l’arrestation d’un ”fraudeur” qui avait dissimulé 294 bidons d’huile de table de 5 litres! A Sidi Bel Abbès, à l’ouest du pays, les services de sécurité ont également procédé à la saisie de 400 bidons d’huile de table».
Ces fraudeurs profitent de la situation chaotique de la crise de l’huile de table suite à une forte pénurie de ce produit alimentaire de première nécessité. Une pénurie provoquée, selon les autorités par le refus des petits commerçants de s’approvisionner auprès de grossistes.
Face à cette situation, et afin d’éviter les achats en grandes quantités dans les grandes surfaces, qui peuvent être source de bousculades, comme ce fut le cas à Sétif, certaines enseignes affichent clairement une dotation limitée de bouteilles d’huile qu’un client est autorisé à acheter.
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Une situation qui inquiète les consommateurs qui n’arrivent pas à connaître le fond du problème d’autant que les producteurs et les autorités ne cessent de marteler qu’il n’y a pas de pénurie d’huile. En fait, le gros du problème vient des autorités qui font face à une baisse des recettes fiscales et qui essayent de grignoter quelques recettes sur le dos des petits commerçants en imposant l’huile dans le cadre d’une facturation qui leur est désormais exigée.
Seulement, avec la facturation, les commerçants notent que leur marge bénéficiaire sur l’huile de table est fortement grignotée par cette taxe alors qu’ils supportent déjà la hausse du prix de l’huile découlant de la dépréciation du dinar et de l’envolée des prix des matières premières que les producteurs répercutent directement sur leur prix de vente.
Du coup, les détaillants se retrouvent presque sans marge sur l’huile de table. Partant, ils refusent de s’approvisionner en huile auprès des producteurs et grossistes afin d’échapper à cette facturation synonyme de baisse de marge pour eux.
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En conséquence, les petits commerçants demandent à ce que les effets de la hausse des matières premières et de la dépréciation du dinar algérien soient partagés sur toutes la filière de l’huile (producteur-grossiste-détaillants) et non seulement supportés par les commerçants de détails qui ne peuvent augmenter leur prix du fait que celui-ci est règlementé.
Ainsi, la crise de l’huile de table fait ressortir l’ampleur de la crise que traverse l’Algérie depuis 2014 dans le sillage de la chute des cours du baril de pétrole. Dépendant totalement des hydrocarbures, le pays a vu ses réserves en devises fondre comme du beurre au soleil passant de 194 milliards de dollars à moins de 30 milliards de dollars actuellement. Du coup, le dinar algérien s’est effrité face aux devises étrangères, notamment à l’euro et au dollar, renchérissant le coût des importations.
Ainsi, les images partagées sur les réseaux sociaux rappellent aux Algériens les tristes années des pénuries à la fin des années 1980 quand le pays était au bord de la faillite financière.
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En attendant, les autorités n’arrivent pas à gérer la situation et certains craignent que la crise de l’huile ne soit la goutte qui fera déborder le vase, à quelques jours du Ramadan, durant lequel la demande d’huile explose.
A date d’aujourd’hui, les autorités sont désarmées et la répression des fraudeurs à elle seule ne suffit pas à résoudre le problème de fond qui reste la chute de la marge des détaillants. Les échanges d’accusations entre les responsables politiques, les producteurs d’huile de table, les organisations professionnelles et les commerçants de détails ne vont qu’envenimer la colère des citoyens qui demandent des solutions à cette pénurie de l’huile de table qui occasionne une flambée des prix du produit vendu au noir alors que le président de Cevital, Issad Rebrab, souligne que le stock a atteint 130% des besoins du marché.
Le gouvernement qui doit résoudre ce problème continue à être un simple spectateur de la souffrance des citoyens. Ainsi, pour Algérie1, «il appartient désormais au Premier ministre, face à l’impuissance de son ministre du Commerce, de prendre les choses en main, en convoquant en toute urgence, producteurs, distributeurs, commerçants de détails, association des consommateurs pour les aider à trouver un accord qui puisse permettre au pays de sortir du goulot de la bouteille… d’huile».
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Il faut dire que la coupe est pleine. Aux pénuries de produits alimentaires, de médicaments de premières nécessité, aux voitures neuves et d’occasion, à la flambée des prix de presque tous les produits (viandes, légumes, fruits, poissons,...), est venue se greffer la pénurie d’eau à Alger où ce produit essentiel est rationné depuis 4 jours et qu’une rationalisation plus inquiétante est annoncée après la fin de Ramadan à cause d’un déficit notable en eau potable.
Seulement, pour le quotidien Expression, le citoyen qui connaît toutes ces difficultés «peut comprendre la hausse du chômage, la dégringolade du dinar et même s‘accommoder de l’inflation, mais il ne peut pas admettre de se retrouver, en quelques semaines, privé de tout! Il se réveille le matin sans eau ni lait. Il se prive du poulet, après avoir banni la viande et la sardine». Il ne peut même pas se faire une omelette à défaut d’huile! Et après un mois de dur labeur, il doit suer pour retirer son maigre salaire».
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Il faut dire que depuis quelques années à cause de la crise financière dont l’ampleur est de plus en plus manifeste, en dépit des annonces tendant à la sous-estimer, le pays à geler de nombreux investissements dont ceux devant permettre l’entretien de nombreux projets. Et il récolte les conséquences de cette politique aujourd’hui. Et ce n’est que le début tant la crise est multidimensionnelle et profonde.
Malheureusement, impuissantes à trouver des solutions à ces multiples problèmes, les autorités joue la politique de l’autruche au lieu de chercher à trouver une solution et souvent essayent d’indexer l’éternelle «main extérieure»,… Mais le peuple algérien, qui mène depuis plus de deux ans un mouvement populaire pacifique pour un changement radical, n’est pas dupe. Le problème est interne. C’est l’incompétence de l’élite politique dirigeante qui est mise à nu par ces nombreuses défaillances qui risquent de rendre le Ramadan très difficile.