En dépit de l’illégalité du marché parallèle d'euros et de dollars, en vertu de l’ordonnance 10/03, il reste depuis des années le haut-lieu des cambistes clandestins, du fait de l’absence d’un véritable marché officiel de devises efficient. Et les taux pratiqués au niveau dans le marché parallèle Square Port Saïd à Alger reflètent la vraie valeur du dinar, celle la plus proche du prix réel de la monnaie algérienne. Si au niveau des banques, il faut 160,857 dinars pour 1 euro et 133,79 pour 1 dollar, dans ce marché parallèle, il faut débourser 210 dinars pour 1 euro et 175 pour 1 dollar.
En clair, la prime appliquée sur le marché parallèle est beaucoup plus importante par rapport au taux de change officiel. Ce marché est alimenté grandement par le rapatriement des retraites d’anciens expatriés algériens, les transferts de fonds de la diaspora, la surfacturation des importations, les recettes touristiques qui échappent au secteur bancaire, les spéculations sur les devises, la fuite des capitaux…
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Square Port Saïd étant la véritable bourse de change du pays où voyageurs et hommes d’affaires vendent des dinars contre des devises, les autorités algériennes essayent depuis quelques années de réduire son poids. En vain.
Le 11 février dernier, le ministre de Finances, Aymen Benabderrahmane, a même, devant l’Assemblée populaire nationale (APN), menacé de fermeture Square Port Saïd afin d’atténuer le poids du marché parallèle qui complique la gestion monétaire de la Banque centrale algérienne du fait des montants drainés par le circuit informel.
Une situation qui s’explique par la faiblesse du système bancaire algérien et l’absence de bureaux de change.
Pourtant, en 2018, le FMI avertissait que "l’existence du marché parallèle complique la gestion macroéconomique car elle alimente les anticipations inflationnistes, fausse la formation des prix et affaiblit les canaux de transmission de la politique monétaire".
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Face à cette situation, l’institution financière a fait des propositions aux autorités algériennes visant à atténuer le poids du marché parallèle. En premier lieu, elle avait demandé d’ajuster progressivement le taux de change officiel pour le rapprocher de celui de Square Port Saïd.
Le FMI propose donc, à défaut d’une forte dévaluation, d’accélérer officiellement la dépréciation du dinar afin de réduire le gap entre le taux de change officiel et celui du marché parallèle qui est actuellement très élevé. A terme, cette démarche fort diplomatique aboutira à une dépréciation officielle de 30%.
Parallèlement, l’institution recommande aux autorités algériennes de revoir à la hausse le plafond des allocations touristiques. En effet, le marché parallèle est dynamisé par les fortes demandes de voyageurs algériens qui font face au niveau insignifiant de la dotation touristique accordée par les autorités. Celle-ci est fixée à 15.000 dinars depuis août 1997. Avec la dépréciation du dinar vis-à-vis de l’euro, ce montant s’établit donc désormais à seulement 93,25 euros. A titre de comparaison, un Marocain jouit d’une dotation touristique de 45.000 dirhams, soit 4.113 euros, qui peut être majorée d’un supplément équivalent à 10% de l’impôt sur le revenu supporté par le bénéficiaire, avec un plafond ne pouvant dépasser 100.000 dirhams, soit 9.141 euros.
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Enfin, le FMI appelle le gouvernement algérien à revoir les restrictions d’importation des produits. L’accès limité aux devises des importateurs fait qu sont actuellement les principaux clients des cambistes de la sphère informelle algérienne. Du coup, la demande est de plus en plus alimentée par les opérations de change en vue d’importations faisant l’objet de restrictions.
Et d’après les experts de l’institution de Breton Woods, une fois toutes ces conditions réunies, le marché parallèle aura moins d’ampleur. Cela permettra ainsi de réduire les spéculations sur fluctuation de change.
Seulement, le contexte actuel semble peu favorable pour aller vers l’unification des deux marchés qui nécessite la libéralisation progressive des transactions en capital. Or, pour cela, il faut que l’environnement macroéconomique devienne propice. Ce qui est loin d’être le cas, le pays faisant face à un tarissement de ses réserves en devises. Les autorités ne peuvent donc envisager d’alimenter un marché officiel où l’accès au change deviendrait libre et facile.
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En plus, dans un contexte marqué par la dépréciation continue du dinar vis-à-vis des devises fortes (euro, dollar,…) et une inflation galopante, la gestion du taux de change dans le cadre de la libéralisation progressive des transactions en capital serait vraiment problématique.
En attendant, le dinar algérien poursuit sa baisse face aux principales devises étrangères à cause de la conjonction de plusieurs facteurs: l’évolution du PIB du pays et donc de la création de la richesse, l’évolution du cours du baril de pétrole qui influe sur la valeur du dinar, la productivité de l’économie algérienne et son impact dans le contexte mondial et le niveau de l’inflation. Et ces quatre facteurs évoluent de manière défavorable favorisant la dépréciation du dinar algérien, favorisée bien évidemment par la politique monétaire du gouvernement.
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D’ailleurs, si les taux de change ont stagné depuis quelque temps, c'est à cause de la fermeture des frontières algériennes dans le sillage de la pandémie du Covid-19. Une situation qui a réduit les voyages et les échanges de marchandises et donc la demande en devises (euro et dollar notamment). En tout cas, beaucoup d’observateurs pensent que l’ouverture des frontières et la forte demande des devises par les voyageurs entraineront une dépréciation plus importante du dinar sur ce marché parallèle.