Transport maritime: voici pourquoi plusieurs navires algériens sont bloqués dans les ports européens

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Le 17/11/2021 à 15h35, mis à jour le 18/11/2021 à 21h48

Revue de pressePlusieurs navires algériens sont bloqués dans des ports de différents pays européens. Il s’agit de saisies justifiées par plusieurs raisons illustrant la gestion désastreuse des dirigeants algériens.

Ce sont actuellement 5 navires de transport de marchandises algériens qui sont bloqués dans plusieurs ports de pays européens (France, Espagne, Belgique et Italie), et ce, depuis plusieurs semaines pour certains.

Parmi les navires bloqués figure le porte-conteneurs Imedghassen, bloqué à Sète depuis sa saisie conservatoire le 9 novembre dernier. Son affréteur, Anisfer Line, réclame environ 24 millions de dollars à son armateur, Global maritime Algérie (GMA). Le cargo Timgad est bloqué dans le port de Gand (Belgique) depuis le 6 septembre. Celui dénommé Saoura, au port de Brest (France) fait l’objet d’une mesure de rétention du Centre de sécurité des navires pour des salaires non payés et des défaillances techniques. Et selon le chef du Centre de sécurité des navires de Brest, dans une déclaration au quotidien français Le Figaro, le navire ne repartira pas tant que les salaires ne seront pas réglés. Ce retard de paiement concerne 22 marins dont certains n’ont pas touché de règlements depuis juillet dernier. 

Ces navires appartiennent à la Compagnie nationale algérienne de navigation (Cnan-Nord). Le porte-conteneurs Tamanrasset de la Cnan aussi fait l’objet d’un blocus au niveau du port de Marseille.

Selon la directrice de la marine marchande et des ports, Dounia Mokdad, le blocage des navires algériens s’explique par plusieurs facteurs.

D’abord, la principale raison de l’immobilisation de ces navires est le non-paiement des salaires des membres de l’équipage. Le directeur général de la Cnan-Med, Noureddine Koudil, avait reconnu «un retard de paiement des employés», pour ce qui est des navires de Cnan-Nord, tout en minimisant ce fait en avançant que «toutes les compagnies à l’échelle internationale traversent, à cause de la pandémie du Covid-19, des crises d’ordre financier, font face à quelques soucis de finance et ont du mal à payer leurs employés», dans des déclarations à la radio algérienne.

Ensuite, les conditions de vie des marins dans les navires algériens bloqués en France sont pointées du doigt. «Les matelas sont vétustes, les douches insalubres, les canalisations fonctionnent mal», a indiqué une représentante syndicale, membre CGT des marins du Grand Ouest, qui explique que «les matelots vivent dans des conditions inacceptables», selon Le Figaro. En outre, certains bâtiments ont aussi été saisis à cause des défaillances techniques.

Les navires bloqués pour des raisons liées à l’insalubrité et aux défaillances techniques seront retenus dans l’attente d’une mise en conformité.

Une situation qui illustre le népotisme qui régit les entreprises publiques algériennes au sein desquelles les compétences sont délaissées. 

Il convient de rappeler que ces blocus s’inscrivent dans le cadre de la «Charte des gens de mer», élaborée en 2006 pour rappeler les droits des marins. Et selon la loi française, «à partir de deux mois de retard de salaire, elle considère que les besoins vitaux des marins ne sont pas remplis, ce qui constitue un délit», a expliqué Laure Tallonneau, inspectrice de l’ITF, cité par Le Figaro. Elle ajoute que «tout navire pénétrant dans un port français est soumis à ce règlement: l’armateur reçoit une remise en demeure de l’Etat français de 72 heures, qui, s’il n’est pas respecté, peut valoir 75.000 euros d’amende par marin et 5 ans de prison».

Les conséquences de blocus des navires sont catastrophiques pour l’économie algérienne au moment où les coûts de fret sont très élevés. Outre le manque à gagner pour la Cnan, du fait de la saisie des navires, l’entreprise publique risque de faire face à de très conséquentes amendes des autorités portuaires des pays dans lesquels les navires algériens sont bloqués.

Par Karim Zeidane
Le 17/11/2021 à 15h35, mis à jour le 18/11/2021 à 21h48