En marge de l’ouverture de la 29e édition du salon de la production nationale qui se tient du 13 au 25 décembre 2021, le Premier ministre et ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, a donné une indication claire sur les nouvelles exigences des autorités algériennes quant à la relance de l’industrie de montage automobile.
Exit les unités de montage automobile dans lesquelles on ne monte que des roues avec des taux d’intégration allant de 0 à 10% au maximum. Désormais, les candidats au montage automobile doivent mettre en place des écosystèmes solides avant de lancer leurs activités.
En effet, selon le Premier ministre, les entreprises algériennes qui désirent investir le montage automobile doivent obligatoirement atteindre un taux d’intégration de 35% et ce, dans un court temps de 3 ans au maximum.
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Une exigence qui n’est malheureusement pas sans rappeler celle de l’ancien ministre de l’Industrie, Ferhat Aït Ali, qui avait exigé un taux d’intégration de 30% dès la première année et de 50% au terme de la 5e année d’activité. C’est à dire qu’on exige des constructeurs qui souhaitent s’implanter de fabriquer ou d'acquérir auprès des fournisseurs et sous-traitants locaux châssis, carrosseries, moteurs… On est encore à la case de départ avec toute les unités de montage automobile à l'arrêt.
Seulement un secteur comme celui-ci ne peut pas se développer uniquement à coup de décrets. Exiger un taux d’intégration aussi élevé, en si peu de temps, peut décourager les industriels étrangers sans lesquels aucun développement de l’industrie automobile n’est possible.
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Le problème des autorités algériennes est qu’elles lorgnent toujours vers le voisin de l’Ouest, le Maroc, dont l’industrie automobile est un véritable succès. D’ailleurs, en février 2020, le président Abdelmadjid Tebboune, dans un entretien accordé au quotidien français Le Figaro, avait fait part de son mécontentement en expliquant que «l’usine Renault qui est ici n’a rien à voir avec celle qui est installée au Maroc», avant d’ajouter, «comment créer des emplois alors qu’il n’y a aucune intégration, aucune sous-traitance?».
Or, l’histoire de l’industrie automobile marocaine remonte à 1959, avec la création de la Société marocaine de construction automobile (Somaca) avec l’assistance technique de Fiat (Italie) et de Simca (France). Le Maroc montait des véhicules en assemblant des voitures à partir des pièces automobiles importées et avec un taux d’intégration proche de zéro. Et c’est au fur et à mesure que le taux d’intégration a été amélioré dans le temps, avec la production de pièces de rechange et de composants, notamment les câbles avant de monter en gamme et d’attirer de nombreux sous-traitants du marché européen et mondial.
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Cela n’a été possible que grâce à une environnement des affaires attractifs qui a poussé de nombreux fournisseurs et sous-traitants internationaux à s’implanter au Maroc, en plus des opérateurs marocains qui avaient investi le secteur automobile pour fournir aux constructeurs européens et américains des composants.
Et lorsque le groupe français Renault, source de toutes les jalousies d’Alger, s’est implanté au Maroc, il y avait déjà tout un écosystème automobile qui lui a permis d’atteindre un taux d’intégration de 28%. Avec aujourd’hui plus de 300 sous-traitants et équipementiers implantés autour du projet, le taux d’intégration dépasse actuellement les 60%. Et l’unité de PSA a bénéficié de l’implantation de ses sous-traitants et d’un environnement qui a facilité l’arrivée d’autres équipementiers et sous-traitants pour démarrer avec un taux d’intégration de 60% au départ.
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Or, l’Algérie ne dispose pas d’un tel écosystème et doit tout reconstruire. Et l’environnement des affaires ne va pas faciliter la tâche aux opérateurs qui souhaiteraient s’implanter dans le pays. Il sera donc difficile à un opérateur industriel d’atteindre un taux d’intégration de 30% au bout de 3 ans en partant du néant.
L’Algérie dispose certes d’un atout considérable, son marché de véhicules neufs, le second du continent avec une demande tournant autour de 300.000 unités, mais elle manque d’un autre atout, essentiel, la vision stratégique à moyen et long termes. D'où les multiples fiasco de l'industrie automobile.
Il faut dire que le temps presse. Ayant privé les Algériens en voitures neuves depuis quelques années -depuis 2016 pour les voitures neuves importées et 2019 pour celles qui sont montées localement-, les autorités ne peuvent pas continuellement interdire les importations sans octroyer une alternative aux Algériens.