Outre les critiques sur les tortures infligées aux manifestants du mouvement de contestation populaire, le Hirak, l’Organisation des Nations unies (ONU) revient à la charge en épinglant l’Algérie sur la censure subie par les sites électroniques qui ne sont pas à la solde du régime militaro-politique.
En effet, dans le cadre de sa politique visant à museler les médias, les autorités algériennes bloquent de nombreux sites électroniques du pays.
Certains médias en ligne algériens font face à des censures, sous diverses formes, depuis 2019, alors que d’autres sont ciblés depuis l’arrivée d’Abdelmadjid Tebboune au pouvoir.
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Ainsi, selon Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, "Des journalistes ont été arrêtés pour avoir couvert ou fait des reportages sur le mouvement de protestation, et 16 médias indépendants connus pour leurs reportages critiques ont été bloqués".
Parmi ces sites figurent, entre autres: Radio M, Casbah Tribune, Interlignes, Maghreb Emergent,… Selon le régime, ces sites sont considérés comme proches du mouvement de contestation populaire.
Face aux accusations de blocage de certains médias électroniques, les autorités algériennes avancent comme explication de simples problèmes techniques.
L’ONU a en outre dénoncé le Code pénal algérien rédigé, selon le représentant de l’organisation, de manière vague pour qu’il puisse être instrumentalisé contre la liberté d’expression. La réforme du Code pénal adopté en avril 2020 vise à criminaliser la diffusion de fausses nouvelles. Elle est perçue, par les organisations de défense des droits humains, comme une grave menace à la liberté d’expression et de la presse.
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De plus, c’est ce même Code qui est utilisé pour poursuivre les journalistes qui expriment des opinions divergentes et critiques envers le régime. Ainsi, en 2020 et 2021, de nombreux journalistes ont séjourné dans les geôles du pays à cause des interprétations de ce code, parmi lesquels Khaled Drareni, privé de liberté durant près d’une année avant d’être libéré à la veille du deuxième anniversaire du Hirak, le 22 février dernier.
Puis, en octobre 2020, le gouvernement algérien a adopté un nouveau cadre juridique visant à contrôler la presse électronique du pays. Celui-ci stipule que désormais tout média en ligne du pays doit être hébergé "exclusivement" en Algérie, et que "toutes les ressources nécessaires à l’hébergement d’un site (matériels, logiciels, humaines, création, exploitation) devront être également en Algérie". Or, de nombreux sites, pour des raisons techniques et bureaucratiques, sont hébergés à l’étranger. Et ce sont les principales cibles des autorités.
Rappelons que parallèlement, le Haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations unies a réclamé, vendredi 5 mars 2021, aux dirigeants algériens de mettre immédiatement fin aux violences contre les manifestants pacifiques du Hirak et d’arrêter les détentions arbitraires.
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Une sortie qui intervient une semaine après la demande officielle de l’ONU de la libération des détenus du mouvement de contestation populaire algérien. "Nous sommes très préoccupés par la détérioration de la situation des droits de l’hommes en Algérie et par la répression continue et croissante contre les membres du mouvement pro-démocratique du Hirak", a déclaré Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU.
A la même occasion, l’agence onusienne avait également fait part de sa préoccupation après avoir reçu "des allégations de torture et de mauvais traitements en détention, y compris de violences sexuelles".
Le Haut-Commissariat a demandé, par conséquent, des enquêtes "rapides, impartiales et vigoureuses" sur les tortures et mauvais traitement infligés aux détenus d’opinion.