Algérie: Tebboune, ou l'humiliation comme mode de gouvernance

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Le 17/07/2017 à 13h38, mis à jour le 17/07/2017 à 13h40

Revue de presseDans une même journée, Abdelmajid Tebboune a fait jeter par la porte le président du patronat algérien et limogé séance tenante un directeur d'une agence pour masquer ses propres échecs. Beaucoup s'interrogent sur ces méthodes dignes d'un chef de régime dictatorial.

Kiosque Le360 Afrique. Chaque jour apporte son lot de confirmation quant aux méthodes de Abdelmajid Tebboune. Le nouveau Premier ministre algérien semble privilégier le rabaissement des hommes de son entourage, ce qui est une bien curieuse technique de management qui n'a pas échappé à la presse algérienne. 

Dans le collimateur du nouveau chef du gouvernement, Ali Haddad, le président du Forum des chefs d'entreprise, patronat algérien, est le premier à en faire les frais. Samedi 15 juillet, lors de l'inauguration de l'Ecole supérieure de la sécurité sociale, Ali Haddad, confortablement assis, a été littéralement chassé de la salle de cérémonie juste avant l'arrivée du Premier ministre.

Pourtant, il n'était pas venu de son propre chef s'incruster dans cet événement, puisqu'il faisait partie des invités du ministre du Travail et de la sécurité sociale. Ce n'était pas Haddad, le PDG d'ERTHB qui était dans la salle, mais le président de l'organisation patronale, supposée être le principal interlocuteur du gouvernement. Visiblement, Tebboune ne s'embarrasse pas de ces considérations. Veut-il mettre en œuvre sa volonté de "séparer la politique et les affaires", comme il l'avait dit lors de son premier discours au Parlement ? Les médias algériens s'interrogent.

Il faut dire que ce n'est pas le premier clash dont Haddad fait les frais. En décembre 2016, lors du Forum africain d'investissements et d'affaires à Alger, toute la délégation officielle avait quitté la salle au moment où il devait prononcer son discours. Il y avait notamment le Premier ministre d'alors, Abdelmalek Sellal, son ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, ainsi que d'autres membres de l'ex-gouvernement.

Néanmoins, si cela pouvait le consoler, ce comportement de Tebboune n'est pas réservé au seul Ali Haddad. En effet, visitant le chantier de la grande mosquée d'Alger, le nouveau Premier ministre algérien n'a pas été satisfait des explications que lui fournissait le directeur de l’Agence nationale de réalisation et de gestion de Djamaâ El Djazair. Ce dernier, Mohamed Guechi, a été purement et simplement limogé avant qu'il n'arrive chez lui, juste après la visite du chantier.

En réalité, Tebboune cache son propre échec par ce limogeage express. Puisqu'il y a un peu plus d'une année, alors qu'il était ministre de l'Habitat, donc directement chargé de ce projet, il annonçait la fin des travaux pour fin 2016. Il était même revenu sur la question, jurant de mettre sa main au feu, en parlant "d'un avancement remarquable", pour dire qu'il ne dépassera pas le premier trimestre 2017. Tebboune a demandé que des comptes rendus soient transmis chaque semaine sur l'avancement des travaux et qu'il y ait trois équipes par jour au lieu de deux actuellement. En faisant tourner le chantier de manière continue, il espère tenir les nouveaux délais: fin 2017 pour la première séance de prières.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 17/07/2017 à 13h38, mis à jour le 17/07/2017 à 13h40