Chez les preneurs d'otage, pour apporter la preuve que leur victime est vivante, on la présente avec la Une d'un quotidien. C'est le meilleur moyen pour confirmer qu'à la date où ledit quotidien a été publié, l'otage est bien vivant. Les dirigeants algériens qui gardent prisonnier le président Abdelaziz Bouteflika ont également trouvé la parade. Ils attendent qu'un visiteur discret se rende à Alger et quelques images suffisent largement pour établir la preuve de vie de Bouteflika. Sauf que chaque fois la mise en scène est de pus en plus difficile.
Lors de la visite d'Emmanuel Macron à Alger, c'était le même cinéma. Mais, une fois encore, les experts de Yann Barthès étaient là pour mettre en lumière la pauvreté de la mise en scène. Dans la séquence du journal télévisé de Canal Algérie qui dure une minute et trente secondes, Bouteflika est effectivement apparu sept fois. Sauf que les 7 apparitions correspondent exactement aux mêmes images filmées par des caméras différentes dans les plans variés. Il y a eu un gros plan, et trois plans larges, dont l'une de face et les deux autres à gauche et à droite. Mais ce sont exactement les mêmes secondes d'une rencontre qui a officiellement duré "plus d'une heure" à la résidence médicalisée de Zeralda.
Ce n'est pas la première fois que les Algériens ont droit à pareille manipulation. Yann Barthès en a d'ailleurs fait un de ses sujets favoris de moquerie. En 2014, alors qu'il présentait le petit journal sur Canal+, il avait commenté la présentation de la candidature du président algérien. Ce dernier s'était exprimé pendant 15 secondes, les premières en 22 mois. Actuellement, il ne parle même plus et chaque nouvelle apparition de l'otage inquiète davantage qu'elle ne rassure les Algériens, jusqu'à ce que les ravisseurs ne se décident à le libérer.