Incapable de calmer la grève des médecins, le gouvernement d'Ahmed Ouyahia tente une diversion en faisant appel à la justice. Il a ainsi obtenu d'un tribunal d'Alger l'étonnante décision déclarant la grève illégale. Le tribunal a également "ordonné l’évacuation des lieux occupés par les grévistes", a indiqué l'agence officielle de presse algérienne (APS), sans autre précision.
Avec cette décision, qui oblige théoriquement les grévistes à reprendre le travail, sous peine d'être en situation d'"abandon de poste" et passibles de sanctions disciplinaires, Alger espère cassé la mobilisation des toubibs.
Équivalents des internes en France, ces médecins "résidents" -13.000 environ en Algérie- sont diplômés de médecine générale et étudient une spécialité médicale à l'issue d'un concours.
Ils réclament notamment l'abrogation du service civil qui les oblige à exercer entre un et quatre ans dans des zones parfois reculées au terme de leurs longues études (sept ans de médecine générale + quatre ou cinq ans, selon la spécialité), en plus des 12 mois de service militaire, obligatoire pour tous les Algériens.
Les principaux cadres du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), à l'origine du mouvement, étaient depuis le début de la matinée en réunion avec des représentants de plusieurs ministères, dont celui de la Santé, et étaient injoignables.
La décision de la justice sur la légalité de la grève était attendue ce mercredi mais le Camra, qui assure avoir respecté les procédures légales en matière notamment de préavis et de service minimum, avait maintenu sa participation à la réunion, prévue depuis plusieurs jours.
"Le ministère de la Santé s'abstient de faire le moindre commentaire", a de son côté déclaré à l'AFP Slim Belkessam, conseiller à la communication dudit ministère.
Mardi, plusieurs centaines de ces médecins avaient organisé un sit-in dans l'enceinte du principal hôpital d'Alger, afin de "faire monter la pression sur le ministère". Plusieurs d'entre eux ont passé la nuit dans l'enceinte de l'hôpital.
Le 3 janvier, une tentative de manifestation de médecins résidents à Alger -où toute manifestation est strictement interdite -, avait été violemment dispersée par la police, faisant 20 blessés parmi les manifestants selon le Camra.