Les menaces du gouvernement algérien n'auront pas servi à grand chose. Les autorités helvétiques sont restées fermes en signifiant aux autorités algériennes qu’elles ne comptent pas entraver la décision de rouvrir l’affaire du général-major Khaled Nezzar, ancien chef d’Etat-major de l’Armée nationale populaire et ancien ministre algérien de la Défense, de 1990 à 1993.
Pour rappel, celui-ci est poursuivi pour des crimes de guerre qui auraient été commis sous son commandement durant les années 1990 en Algérie.
Suite à cette décision, Alger a réduit au strict minimum ses relations diplomatiques et économiques avec la confédération helvétique. Des dossiers économiques ont ainsi été bloqués par Alger pour faire pression sur la Suisse.
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Il faut reconnaître que le cas de Nezzar est sensible en Algérie. Outre le fait qu’il symbolise le choix du gouvernement algérien dans sa manière de lutter contre le terrorisme, la situation est corsée par le fait que ce choix a été celui du pouvoir qui est toujours en place.
Toutefois, le ministère suisse des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur d’Algérie en Suisse le 14 novembre dernier, pour l’informer de la position claire de son pays sur ce dossier.
En gros, celle-ci s’appuie sur deux éléments fondamentaux. D’abord, le problème étant judiciaire, du fait du principe de la séparation des pouvoirs, les autorités suisses ne possèdent aucun pouvoir pour intervenir dans les poursuites engagés conte le général Khalid Nezzar. Ensuite, le ministre helvétique a fait part à l’ambassadeur algérien le rejet des menaces exprimées par l’Algérie de geler les relations diplomatiques et économiques avec la Suisse.
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Alger croyait qu'en brandissant des menaces diplomatiques, et surtout économiques, il allait pouvoir influer sur la justice suisse, très certainement encouragé en cela par la décision du parquet suisse, qui avait décidé de classer le dossier le 4 janvier 2017, avançant que les motifs invoqués par les plaignants sont insuffisants.
Peine perdue, car cette fois-ci, le tribunal pénal fédéral suisse a décidé de rouvrir l’affaire du général-major Nezzar pour crimes de guerre.
Rappelons que dans le cadre de cette affaire, le général Nezzar a été placé en garde à vue en Suisse durant 36 heures en 2011 à la suite de deux plaintes déposées pour crimes de guerre. Nonobstant les pressions politiques et économiques, les autorités helvétiques comptent clairement montrer aux dirigeants algériens que le respect des droits de l’homme prime sur les intérêts économiques, et que les pressions algériennes n’y pourront rien changer.