Algérie: ce qui a précipité l'abdication prochaine de Bouteflika

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Le 02/04/2019 à 09h41, mis à jour le 02/04/2019 à 09h48

La présidence algérienne et le chef d'état-major général des armées se livrent une guerre larvée, qui prend la forme de menaces adressées par la première au second (et vice versa). Le divorce semble consommé et la démission annoncée de Bouteflika est une conséquence directe de cette rupture.

C'est fait: Abdelaziz Bouteflika a annoncé sa démission pour le 28 avril dernier, date de la fin légale de son actuel mandat. Il s'agit là de l'épilogue d'une long feuilleton politique, une succession d'évènements qui ont poussé le président algérien à la sortie. 

Selon la presse algérienne, si sa démission prochaine a été annoncée hier, lundi 1er avril, c'est parce qu'il s'est passé au cours de cette journée, un évènement important qui démontre que le vent a définitivement tourné.

En effet, au cours de la matinée de ce lundi 1er avril, à Alger, le procureur de la République a émis un communiqué indiquant des enquêtes menées contre des proches du clan Bouteflika.

Une liste de noms d'une vingtaine d'oligarques qui ont fait les beaux jours du régime de Bouteflika a fuité. "Trois d’entre eux, les frères Kouninef, font même partie du cercle rapproché de Said Bouteflika, le frère du président", informe le site Tout sur l'Algérie. 

Or, ces enquêtes ont été ouvertes sur ordre direct de Ahmed Gaïd Salah, le chef d'état-major de l'armée, sans qu'il n'en réfère au préalable à la présidence de la République, c'est à dire à Saïd Bouteflika, qui répond habituellement en lieu et place de son frère, président en exercice. 

C'est sans doute ce qui poussé le locataire du palais d'El Mouradia, le nom du siège de la présience de la république algérienne, à prendre les devants et à répondre favorablement à la demande de la rue.

Cette manoeuvre, très habile, a pour but de mettre en minorité Gaïd Salah, en cherchant à gagner la sympathie des manifestants. 

Dans le communiqué de la présidence, annonçant la démission de Bouteflika dans les quatre semaines à venir, une subtile allusion est faite à Gaid Salah, toujours selon le site d'information algérien.

En déclarant que le président peut toujours exercer ses prérogatives constitutionnelles jusqu'à son départ, le communiqué sonne comme une sérieuse mise en garde contre celui qui s'emble s'être définitivement rebellé contre Abdelaziz Bouteflika. 

D'ailleurs, des proches de Bouteflika font courir le bruit que Gaïd Salah, qui a pourtant été confirmé, la veille, dimanche 31 mars, en tant que vice-ministre de la Défense et donc deuxième personnage de l'Etat dans le nouveau gouvernement de Noureddine Bedoui, pourrait ne pas être à son poste actuel au moment où interviendra la démission de Bouteflika.

Les manifestants, qui réclament dans l'ensemble du pays, à cor et à cri, le départ de tout le système, n'en espéraient pas tant... 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 02/04/2019 à 09h41, mis à jour le 02/04/2019 à 09h48