Algérie: mandat d’arrêt international contre l'insaisissable Chakib Khelil, ex tout-puissant ministre de l’Energie

Chakib Khelil, ancien ministre de l'Energie et directeur de la Sonatrac.

Chakib Khelil, ancien ministre de l'Energie et directeur de la Sonatrac.. DR

Le 22/08/2019 à 11h14, mis à jour le 22/08/2019 à 13h37

La Cour suprême algérienne vient de lancer un mandat d’arrêt international contre l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil. L’homme avait jusqu'à présent bénéficié de la protection du clan Bouteflika, mais le nouveau régime a rouvert ses vieux dossiers de corruption.

Chakib Khelil, ancien puissant ministre de l’Energie et directeur de la Sonatrach, durant une décennie sous Bouteflika, est rattrapé par la justice algérienne. La cour suprême, la seule juridiction habilitée à enquêter et juger des crimes et délits commis par un membre du gouvernement dans l’exercice de ses fonctions, vient de lancer un mandat d’arrêt international à son encontre.

Ce mandat d’arrêt intervient après des convocations auxquelles l’ancien ministre n’a pas voulu répondre. L’audition de la Cour suprême devant porter sur le réexamen de l’affaire Sonatrach I et II.

Rappelons que Chakib Khelil était, un temps, recherché en Algérie pour un vaste scandale de corruption. Par la suite, il a été blanchi par le régime Bouteflika, malgré des accusations de malversations financières contre le puissant PDG de la Sonatach, première entreprise du continent africain.

En 2013, la justice algérienne avait lancé un mandat d’arrêt international contre lui dans le cadre d’une enquête sur le versement de commissions par une filiale de la compagnie italienne ENI pour l’obtention de contrats en Algérie.

Pour échapper à la justice, Chakib Khelil s'était refugié aux Etats-Unis et n'était rentré en Algérie qu’en 2016, après l’abandon de poursuites à son encontre par le régime de Bouteflika.

Toutefois, en avril dernier, après la chute du régime Bouteflika, la Cour suprême a annoncé avoir reçu deux dossiers de poursuites contre Khelil et ses complices, portant sur une «infraction à la législation et à la réglementation des changes et des mouvements de capitaux vers l’étranger» et «la conclusion de deux contrats par la compagnie Sonatrach avec deux entreprises étrangères en infraction à la loi».

Ces poursuites entrent dans le cadre de l’opération «Mains propres» lancée par le nouvel homme fort de l’Algérie, Ahmed Gaïd Salah et qui cible les symboles de la gabegie de l’ancien régime.

Outre les oligarques, le vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’armée, a ciblé les anciens ministres et patrons des grandes entreprises publics accusés de détournements de deniers publics. Et parmi ceux-ci, le nom de Chakib Khelil, un proche de Bouteflika, qui a jusqu'à présent échappé à la justice, figure en bonne place.

Rappelons que ce nouveau mandat d’arrêt a été lancé quelques jours après la nomination d’un nouveau ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Balkacem Zeghmati, qui n’est autre que l’ancien procureur général près de la Cour d’Alger, qui avait lancé en 2013 un premier mandat d’arrêt international à l’encontre de l’insaisissable ancien ministre de l’Energie.

Une question demeure en suspens: le régime de Gaïd Salah aura-t-il la possibilité de mettre la main sur Chakib Khelil?

Par Karim Zeidane
Le 22/08/2019 à 11h14, mis à jour le 22/08/2019 à 13h37