Algérie: après la bourde du ministre de l’Intérieur, l’armée traite ceux qui boycottent le vote de «harkis»

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Le 06/12/2019 à 13h46, mis à jour le 06/12/2019 à 13h50

La revue El Djeich de l’armée algérienne vient d’emboîter le pas au ministre de l’Intérieur dans le dénigrement des opposants à l’élection présidentielle du 12 décembre. Un changement de ton des autorités militaires, devant les menaces de boycott qui pèsent sur ce scrutin.

Décidément, le régime algérien a bien du mal à se contrôler, à quelques jours du scrutin présidentiel du 12 décembre.

Ainsi, après la bourde du ministre de l’Intérieur, Salah Eddine Dahmoune, qui a insulté les Algériens opposés à l'organisation de ces présidentielles, en les traitant de «traitres», de «pervers», et autre «homosexuels», tout cela, sans être inquiété en aucune manière, c’est au tour de l'armée de sortir la grande artillerie verbale. 

En effet, El Djeych, la revue de l’Armée algérienne, donc le Canal très autorisé du général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, n’y est pas allé de main morte. 

La revue de l'armée appelle en effet les Algériens, dans sa dernière livraison, à sortir massivement pour aller voter le jeudi 12 décembre prochain pour élire un nouveau président, et donner ainsi une «réponse aux égarés et aux nouveaux harkis».

«La participation en force du peuple algérien aux présidentielles du 12 décembre sera, comme il est attendu, la meilleure réponse aux égarés et aux nouveaux harkis qui ont vite fait de solliciter l’appui de parties étrangères connues pour leur profonde et historique rancune envers l’Algérie et son peuple», peut-on ainsi lire dans ce numéro.

Or, le mot «harkis», en Algérie, a une consonnace plus que péjorative. C’est même l’un des pires qualificatifs qu’on peut adresser à un Algérien.

Les harkis sont les supplétifs autochtones de l’armée française, qui avaient combattu du côté des Français pendant la guerre d’indépendance d’Algérie.

Et de fait, ils sont qualifiés de traîtres par les Algériens. Leur dossier empoisonne d’ailleurs les relations entre les deux pays du fait qu’Alger refuse catégoriquement leur retour au pays.

En clair, en traitant les manifestants de harkis, la revue de l’armée ne fait qu’emboîter le pas aux mots prononcés par le ministre de l’Intérieur.

Seulement, dans ce cas précis, c’est l’institution la plus importante d’Algérie depuis l’indépendance qui n'hésite pas à qualifier le peuple de «traître».``

Bref, tous les moyens sont bons pour un régime algérien désormais aux abois, pour faire face à l’opposition du peuple algérien à ces présidentielles.

D’ailleurs, cette sortie de la revue intervient au lendemain des menaces du désormais unique homme fort d’Algérie, Ahmed Gaïd Salah à l’encontre de ceux qui perturberaient le scrutin du 12 décembre.

Cette sortie intervient après de multiples sabotages de la campagne électorale de tous les candidats, les destruction du matériel de vote dans certaines régions du pays, notamment à Béjaia, en Kabylie, sans compter le refus de nombreux maires d’encadrer le processus du vote et les appels lancés par les manifestants pour s’opposer à la tenue du scrutin.

Par Karim Zeidane
Le 06/12/2019 à 13h46, mis à jour le 06/12/2019 à 13h50