Libye: face à la Turquie d’Erdogan, l’Algérie décide à son tour de hausser le ton

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Le 03/01/2020 à 14h46, mis à jour le 03/01/2020 à 14h48

L’Algérie a elle aussi haussé le ton face à la volonté du président turc Recep Tayyip Erdogan d’envoyer des troupes en Libye pour soutenir le gouvernement en place face aux forces du maréchal Haftar. Le ministre algérien des Affaires étrangères a envoyé un message clair aux Turcs.

A l’instar des Etats-Unis, via leur président Donald Trump, l’Algérie, directement concernée par le conflit en Libye et son évolution, du fait que les deux pays partagent une longue frontière commune, a elle aussi choisi de hausser le ton à l'égard de la Turquie.

Ainsi, lors d’une conférence de presse, tenue hier, jeudi 2 janvier 2020, Sabri Boukadoum, ministre algérien des Affaires étrangères, a envoyé un message on ne peut plus limpide aux Turcs: «l’Algérie n’accepte aucune présence étrangère sur le sol du pays voisin et cela quel que soit le pays qui veut intervenir», a-t-il souligné.

L’allusion faite à la Turquie est claire. Il s’agit d’une réponse ferme à la volonté affichée du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui envisage d’envoyer des troupes en Libye, dans le but de soutenir le Gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, devant l’offensive lancée par le maréchal Khalifa Haftar en direction de la capitale libyenne, Tripoli.

Et pour insister auprès du président turc, qui vient d’obtenir l'aval du parlement pour envoyer des troupes en Libye, le chef de la diplomatie algérienne a averti que «la langue de l’artillerie ne peut être la solution. Cette dernière réside dans un dialogue sérieux entre les belligérants avec l’aide des pays voisins, notamment l’Algérie».

Devant cette situation qui risque d'empirer en Libye, et face aux menaces d’intervention de pays extérieurs à la région, l’Algérie a également décidé de sortir de son immobilisme sur le dossier libyen et compte prendre des initiatives.

«L’Algérie va présenter des initiatives concrètes pour une sortie de crise dans les jours à venir», a souligné Sabri Boukadoum, qui insiste sur le fait que cette sortie de crise «ne peut être envisagée que dans le cadre d’une dialogue inter-libyen».

Toutefois, ce dialogue a jusqu’à présent échoué, du fait de l’entêtement des deux protagonistes, le gouvernement d’union nationale de Tripoli et les forces dirigées par le maréchal Haftar.

Ainsi, après la Tunisie, l’Algérie aussi affiche clairement son opposition à l’envoi de forces turques en Libye et à la formation d’une coalition avec la Turquie dans le but d'intervenir sur le sol libyen. 

En outre, Alger a déployé d'importantes forces armées tout au long de sa frontière avec la Libye, afin de parer à toute conséquence qui pourrait naître suite à une intervention de forces extérieures à la région. 

Avec cette opposition désormais affichée, Alger dit très nettement son refus de se retrouver entouré de forces étrangères.

Déjà, à ses frontières sud, le pays fait face à la présence des forces françaises et américaines, fortement présentes au Sahel, pour faire face au terrorisme.

Toutefois, de son côté, Recep Tayyip Erdogan n'en démord pas.

Pour le président turc, cette intervention des forces de son pays est nécessaire pour défendre leurs intérêts en Libye, qui se retrouveraient selon lui menacés avec l'éventuelle prise de Tripoli par les forces du maréchal Haftar.

Selon Ankara, mais aussi selon l'émissaire de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, Khalifa Haftar est soutenu par des mercenaires russes et plusieurs pays arabes dont l’Egypte, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, trois rivaux de la Turquie. 

Par Karim Zeidane
Le 03/01/2020 à 14h46, mis à jour le 03/01/2020 à 14h48