La résolution du Parlement européen sur les violations des droits de l’Homme continue de susciter des vagues en Algérie. Après la virulente réponse des dirigeants politiques, c’est au tour des députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) de sortir de leur sommeil pour tenter de mettre la pression sur l’Union européenne.
Ainsi, et suite au tollé soulevé par la résolution d’urgence sur la détérioration des libertés en Algérie, voté quasiment par tous les députés européens -669 députés "Pour" , 22 abstentions et seulement 3 députés "Contre"-, condamnant la répression des activistes des droits de l’homme et des journalistes, en soulignant que les arrestations politiques et les détentions arbitraires de militants pacifiques issus du Hirak et de syndicats, en augmentation depuis l’été 2019, sont en violation des droits fondamentaux à un procès équitable et à une application régulière de la loi.
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Suite à cette résolution, les autorités algériennes ont réagi avec virulence. Et aujourd’hui, c’est aut our des députés algériens de sortir de leur hibernation pour dénoncer cette résolution et surtout tenter de mettre la pression sur l’Union européenne avec comme chantage d’organiser un débat pour dénoncer le partenariat Algérie-Union européenne qui, selon eux, ne bénéficie pas à l’Algérie.
Pour cela, certains députés zélés ont tout simplement lancé une pétition pour réclamer une session extraordinaire consacrée au partenariat Algérie-Union européenne. Initiée par les députés islamistes du MSP, l’objectif de cette session étant «l’évaluation du partenariat avec l’Union européenne» et «profiter de ce débat pour poser la question des ingérences continues du Parlement européen dans les affaires internes de l’Algérie», selon le député du parti, Nasser Hamdadouche, qui parle d’une «affaire d’Etat».
Allant dans le même sens, Lakhdar Benkhellaf, d’un autre parti islamiste, El Adala, voit dans cette résolution européenne «une occasion de procéder à une évaluation de notre partenariat avec l’Union européenne».
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Tout en appelant à l’union sacrée, le député d’El Adala reste sceptique, rappelant les échecs cuisants des appels aux députés, dans le passé, et visant à criminaliser les crimes coloniaux.
Il a de quoi se méfier de la solidarité des autres députés qui ne vont pas suivre une initiative venant des partis islamistes, minoritaires au sein du parlement.
En effet, ceux du FLN et du RND, de loin les plus nombreux au sein de la coupole et qui sont les premiers à tirer à boulets rouges sur le Parlement européen ne sont pas partie prenante de cette pétition. Du coup, les députés islamistes feront choux blanc.
Il faut noter que cette demande d’évaluation de l’accord d’association avec l’Union européenne n’est pas nouvelle. En août dernier, le président Abdelmadjid Tebboune avait demandé au ministre du Commerce, Kamel Rezig, de «procéder à une évaluation (…) du dossier sur l’accord d’association avec l’Union européenne (UE) qui doit faire l’objet d’une attention particulière, faisant valoir nos intérêts pour des relations équilibrées».
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Il faut dire que l’accord d’association qui devait laisser la place à la Zone le libre-échange (ZLE) entre l’Algérie et l’Union européenne, comme c’est déjà le cas avec le Maroc, est dénoncé par les dirigeants politiques, économistes et patrons algériens. Ils dénoncent particulièrement une balance commerciale largement en défaveur de l’Algérie.
C’est surtout une manière de dénoncer à l’avance la création d’une ZLE qui était prévue depuis 2005 et qui est depuis continuellement repoussé. Et les 12 ans de transition, prolongés à 15 ans, jusqu’au 1er septembre 2020 dernier, accordés à l’Algérie pour éliminer progressivement ses droits de douane sur des produits industriels sont écoulés, mais l’Algérie n’est pas prête pour passer à l’étape suivante.
Du coup, arguant que sa balance commerciale avec l’Union européenne est largement déficitaire, Alger souhaite renégocier cet accord d’association et éviter de passer à celle de ZLE.
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Seulement, la faute n’incombe pas seulement à l’Union européenne. Elle est surtout celle de l’Algérie qui n’est pas parvenue à exporter autres chose que les hydrocarbures qui représentent plus de 95% de ses recettes d’exportation. Autrement dit, en l’absence d’une économie relativement diversifiée, comme c’est le cas du Maroc, l’Algérie n’a rien à proposer aux Etats européens que ses hydrocarbures (pétrole et gaz) et importer tout le reste (biens d'équipement, biens de consommation, etc.).
Ainsi, en multipliant les sorties contre cet accord d’association dans le but de ne pas aller vers la Zone de libre échange, Alger essaye de cacher ses faiblesses économiques structurelles qui résultent d’une économie totalement basée sur la rente pétrolière.