Algérie: la campagne de vaccination anti-Covid met à nu l’impéritie du régime

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Le 16/02/2021 à 14h16, mis à jour le 16/02/2021 à 14h33

Tout au long de la pandémie du Covid-19, le régime algérien s’est borné à entretenir une propagande consistant à fanfaronner et à annoncer des chiffres sans lien avec la réalité. La campagne de vaccination s’est révélée un désastre qui met à nu l’impéritie du régime.

Il y a eu plus d’annonces grandiloquentes que de doses de vaccins. Le régime algérien a pompeusement parlé de la commande de 500.000 doses de vaccin Sputnik V, de 700.000 doses d’AstraZeneca, de partage de vaccins avec la Tunisie, de fabrication de vaccins en Algérie, d’export des vaccins anti-Covid en Afrique... Dans les faits, l’Algérie n’a officiellement reçu que 50.000 doses du vaccin Sputnik V. Il faut bien insister sur l’adverbe "officiellement", car selon plusieurs sources concordantes, l’Algérie n’a reçu que 35.000 doses. De quoi, certes, honorer la parole présidentielle qui voulait à tout prix donner le coup d’envoi de la campagne vaccinale, avant fin janvier, mais il n’y a pas lieu de parler d’un réel démarrage d’une campagne de vaccination.

Seize jours après le lancement en grande pompe de la campagne de vaccination, le bilan de cette rodomontade reste maigre. Et ce sont les chiffres de l’OMS qui parlent. La campagne n’a finalement duré que deux petits jours, les 29 et 30 janvier. Et à ce jour, moins de 0,00007% de la population algérienne a été vaccinée, contre 5,19% au Portugal, 5,48% en Espagne, 4,42% en France ou 4,46% au Maroc.

Or, selon ce chiffre officiel obtenu auprès de l’Organisation mondiale de la santé, ce ne sont environ que 30.660 Algériens qui ont bénéficié de la vaccination, plus de deux semaines après le début de cette campagne.

Cette faiblesse du nombre de doses réelles administrées est confirmée par l’énorme cafouillage constaté depuis le début. Les critiques fusent de partout chez les professionnels de santé, dont l’un des plus virulents est sans conteste, l’éminent Pr Kamel Bouzid, chef du service d'oncologie du CPMC d’Alger. Dans un entretien accordé au site d’information TSA, le 7 février, il s'insurgeait en ces termes: "nous avons reçu 25 doses. C’est insignifiant. Il y a 1.500 employés. Le CHU Mustapha Pacha (le plus grand hôpital d’Algérie, Ndlr) a reçu 700 doses alors qu’ils sont 5.000 à y travailler. Et je ne parle que des hôpitaux que je connais! Théoriquement le personnel soignant est prioritaire".

La question que les Algériens se posent est de savoir s’il y aura d’autres doses pour au moins permettre de vacciner les fontliners que sont les médecins, mais également l’énorme population à risque, à savoir les personnes âgées de plus de 60 ans et celles présentant une comorbidité.

Mais, attendre Sputnik V, c’est sans doute jouer à la roulette russe avec la vie des futurs contaminés, non pas que ce vaccin ne soit pas fiable, loin s’en faut, mais surtout parce que le représentant de Moscou a préféré dire la vérité à ses amis algériens, plutôt que de leur montrer le miroir aux alouettes. Selon El Watan, Igor Beliaev a, en effet, clairement déclaré que la demande était tellement forte qu’il n’était pas sûr que l’Algérie allait pouvoir recevoir la totalité de sa commande de 500.000 doses de vaccins. C’est alors qu’il a proposé aux autorités d’Alger de fabriquer elles-mêmes les vaccins.

Une manière fort diplomatique de leur dire que leur insistance n’allait servir à rien? C’est très possible. En tout cas, les autorités algériennes ont alors bien compris le message. Au lendemain de l’arrivée officielle des 50.000 vaccins, elles ne parleront plus de nouvelle navette aérienne pour aller récupérer à Moscou le reste des 500.000 doses commandées. Elles préféreront se lancer dans une campagne de propagande pour dire que l’Algérie allait elle-même fabriquer le Sputnik V, tout en faisant la manche auprès d’autres amis, chinois ceux-là.

Sauf que la Chine n’est pas bien prêteuse, pour reprendre la fameuse formule du poète. Le pays communiste a promis de donner des doses de vaccin, sans en préciser la quantité, ni même le délai.

La réalité est consternante pour le pays d’Afrique du Nord qui, à cor et à cri, s’autoproclame puissance régionale et richissime Etat pétrolier. Cette campagne de vaccination est somme toute à l’image de la gestion irresponsable de la pandémie. Le régime a préféré se détourner des tests RT-PCR, les seuls reconnus fiables pour identifier précocement les malades du Covid-19. Quand tous les pays se battaient pour avoir des moyens de protections, le personnel de santé algérien dénonçait l’abandon dont il faisait l’objet de la part des autorités.

"Le personnel paramédical du service de réanimation de l'hôpital Frantz Fanon de Blida a fait grève car il n'avait aucun moyen de protection": ni masques, ni gants, ni gel, ni blouse jetable, avait dénoncé, dès le début de la pandémie sur Facebook, Khedidja Bessedik, cheffe de l'un des services de l’hôpital Franz Fanon de Blida, ville qui était alors l’épicentre de l’épidémie dans le pays. Et d’ajouter : "Où est l'Etat algérien? Où est le ministère de la Santé? Où sont les 50 millions de bavettes (masques), monsieur le Président ?!», s'était-elle indignée, tout en appelant à une «collecte citoyenne" de matériel.

Le désastre de la campagne de vaccination anti-Covid révèle le –vrai– poids continental de l’Algérie. Un pays, dont les dirigeants fanfaronnent, font don aux pays voisins de ce dont ils ne disposent pas, et cherchent à soigner la photo au lieu des citoyens. Le Covid-19 a mis à nu l’incapacité du régime à garantir des soins aux Algériens et à protéger leurs vies. Le Covid-19 a aussi permis de savoir que les leviers de négociations de l’Algérie, y compris en direction de pays amis comme la Russie et la Chine, sont insignifiants. L’Algérie n’est qu’un marché pour ces deux puissances.

Et pendant que les chancelleries étrangères assistent au naufrage de la gouvernance algérienne, le régime vert-kaki poursuit sa campagne maladivement haineuse contre son voisin de l’ouest. Il va pourtant falloir que ce régime explique aux Algériens comment un pays qui dispose de grandes ressources en hydrocarbures n’est même pas capable d’acheter un vaccin pour sauver la vie des citoyens.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 16/02/2021 à 14h16, mis à jour le 16/02/2021 à 14h33