Les violations flagrantes des droits de l’Homme à l’encontre des détenus du Hirak sont monnaie courante dans les casernes militaires algériennes.
En effet, quelques jours après les révélations de l’étudiant Walid Nekkiche, un autre détenu d’opinion vient de faire des révélations gravissimes qui renseignent sur ce qu’il se déroule dans les casernes militaires et les lieux de détention des services secrets algériens, devenus des lieux de tortures de sympathisants du Hirak, arrêtés lors des manifestations populaires.
Cette fois, c’est un militant du Hirak, Sami Dernouni, qui révèle les violences, tortures et agressions sexuelles que subissent les manifestants dans ces geôles de l’armée.
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Lors de son procès qui s’est tenu hier, mardi 2 mars, au tribunal de Tipaza, ce détenu d’opinion a révélé avoir été «violenté, battu et dénudé par des officiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), la principale branche des services secrets algériens».
Il a expliqué en détails les séances de tortures que lui ont infligées les officiers de la DGSI de la caserne Antar, le célèbre centre opérationnel de la fameuse ex-DRS, situé à Ben Aknoun.
Dans une déclaration aux médias, Me Ali Fellah, membre du collectif de défense de Sami Dernouni auprès du Comité national pour la libération des détenus (CNLD), a expliqué qu’«après son interpellation, Sami Dernouni a été transporté vers la caserne Antar où il a été torturé à l’électricité, dénudé et tabassé. Ce sont de graves dépassements». L’avocat a ajouté que «l’enquête menée par les services de la DGSI est émaillée par de gravissimes irrégularités et violations des droits de l’Homme».
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Pourtant, selon un autre avocat du collectif, Me Haboul Abdellah, «le dossier de Sami Dernouni est totalement vide, et il n’y a aucune preuve qui démontre sa culpabilité ou son implication dans un quelconque crime».
Arrêté à Tipaza le 2 décembre 2020 de façon arbitraire par les services secrets, sans avoir commis un quelconque crime, Sami Dernouni risque aussi de passer des années derrière les murs de la prison.
Accusé d’«incitation à l'attroupement», d’«atteinte à l’unité nationale» et d’«atteinte à la sécurité nationale», le parquet du tribunal de Tipaza, qui est une caisse de résonnance des autorités, a requis contre lui une peine maximale de 10 ans de prison.
Avec cette révélation, il devient évident que les violations flagrantes des droits de l’homme, les actes de torture et les agressions sexuelles sont monnaie courante dans les casernes algériennes.
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En février dernier, Walid Nekkiche, étudiant en 5e année de médecine, arrêté fin novembre 2019 à Alger lors d’une marche des étudiants du Hirak, a ému l’Algérie en révélant avoir été «agressé sexuellement, physiquement et verbalement» pendant une garde à vue au «Centre Antar», une caserne de la périphérie d’Alger, réputée être un lieu d’interrogatoires des services de sécurité.
Cette révélation scandaleuse avait poussé plusieurs associations à s’organiser en «Comité de lutte contre la torture et les conditions carcérales humaines des détenus en Algérie».
«Son viol, c’est notre viol à nous tous en tant que peuple, société civile, militants. Ça ne doit pas rester impuni», avait déclaré le journaliste Zoheïr Aberkane, membre de ce Comité.
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Devant la vague d’indignation soulevée par cette révélation, le parquet général de la Cour d’Alger a ouvert une enquête.
Toutefois, les Algériens ne sont pas dupes. Ils savent bien que celle-ci ne va pas aboutir, parce que les puissants généraux aux commandes de l’armée algérienne ne permettront jamais à la justice du pays de se mêler de leurs sales affaires d’actes de torture et d’humiliations.
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