Karim Tabbou, 47 ans, a été présenté devant le procureur d'un tribunal à Alger qui a décidé de le placer sous contrôle judiciaire, selon le Comité national de libération des détenus (CNLD) et l'entourage de l'opposant. Il avait dû être évacué dans la matinée à l'hôpital Mustapha d'Alger après un malaise, d'après la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADDH).
M. Tabbou avait été placé en garde à vue mercredi à la suite d'une plainte déposée par Bouzid Lazhari, le président du Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH), un organisme officiel. Ce dernier a été conspué par l'opposant lors de funérailles lundi d'un vétéran du combat pour les droits humains, Ali Yahia Abdelnour.
Parmi les huit chefs d'accusation retenus contre lui, figurent "la calomnie, l'insulte et l'outrage à un employé dans l'exercice de ses fonctions". Il est également accusé d'avoir "violé le caractère sacré des défunts dans les cimetières".
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Emprisonné de septembre 2019 à juillet 2020, M. Tabbou est un visage très populaire de la contestation antirégime, Hirak, déclenchée en février 2019.
Son placement sous contrôle judiciaire s'inscrit dans un climat de répression accrue contre les militants du Hirak, les opposants politiques et des journalistes à l'approche des élections législatives convoquées par un pouvoir impopulaire.
Un autre militant, Slimane Hamitouche, arrêté à son domicile, a été aussi soumis jeudi à un contrôle judiciaire par le même tribunal. La même mesure a été prononcée à l'encontre de Hicham Khiyat, co-fondateur de Nida-22, une initiative indépendante de dialogue au sein du Hirak, qui avait été arrêté à Blida près d'Alger.
A Oran (nord-ouest), où 12 personnes ont été présentées devant le procureur, un militant connu, Kaddour Chouicha, responsable local de la LADDH, et son épouse Djamila Loukil, journaliste et militante, ont été remis en liberté provisoire.
En revanche, le journaliste Saïd Boudour, un ex-détenu, membres de la LADDH, a été placé sous contrôle judiciaire par le pôle pénal d'Oran, selon le CNLD.
Ces militants, arrêtés lors de manifestations, sont poursuivis pour "complot contre la sécurité de l'Etat" et "atteinte à l'unité du territoire national".
Selon les associations algériennes de soutien aux détenus d'opinion, quelque 65 personnes sont actuellement derrière les barreaux, poursuivies en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles.