C'est sa chanson intitulée "H'chahali Tebboune", une expression teintée de beaucoup de provocation qui se traduit "il me l'a mis Tebboune", c'est-à-dire qu'il "m'a berné", en langage plus soutenu. Il s'agit aussi d'un subtile jeu de mots, si l'on sait que l'homme est originaire d'Oran et que dans cette partie de l'Algérie comme au Maroc voisin, le patronyme du président algérien "Tebboune", signifie aussi en darija l'organe génital féminin.
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Cependant, officiellement, ce n'est pas la raison évoquée par la justice pour demander son arrestation et son placement sous mandat de dépôt. Des sources judiciaires citées par la presse locale affirment que "Cheb Bello est poursuivi pour incitation et encouragement à le consommation de la drogue via une chanson qui circule depuis plusieurs heures sur les réseaux sociaux".
Même si une deuxième chanson est bel et bien mise en ligne sur les réseaux sociaux, il n'en demeure pas moins que la raison de son emprisonnement et des poursuites engagées contre lui ne laisse place à aucun doute.
Insulte ultime: dans la même chanson, il demande qu'on rende aux Algériens, l'ancien président Abdelaziz Bouteflika, une manière de dire qu'il était bien mieux que l'actuel locataire de la résidence présidentielle d'El Mouradia, malgré son infirmité. Le chanteur critique sévèrement les mesures sanitaires prises par le président algérien pour lutter contre la pandémie, plombant l'économie du pays, interdisant aux Algériens résidant à l'étranger de revenir dans leur pays pendant plus d'une année.
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En tout cas, sur les réseaux sociaux, les condamnations de cette énième dérive du régime sont nombreuses. Et le hashtag #FreeBello a déjà été critiqué.
"Imagine un gouvernement tellement a côté de la plaque que même ChebBello devient un artiste engagé", écrit cet internaute sur Twitter pour dire que le régime est au ras des pâquerettes. Car, e réalité, Cheb Bello est connu dans le milieu du raï pour être provocateur avec des chansons souvent satiriques jugées osées, mais qui ne font référence à aucun engagement politique.
Cependant, dans sa logique répressive, le régime algérien semble être atteint de cécité. D'ailleurs, Cheb Bello n'est pas le premier chanteur de raï à être incarcéré. Avant lui, Siham Japonia, qui vient d'être libérée il y a quelques semaines, avait été condamnée à 18 mois de prison par le Tribunal de Cité Djamel à Oran. La justice lui reproche des faits comme "insulte à un fonctionnaire durant l'exercice de ses fonctions", "atteinte à corps constitué" et "diffamation".