Union africaine: l'Algérie aurait fait coalition avec 12 membres et le Polisario pour expulser Israël

Alely Adamso, ambassadeur d'Israël à l'Union africaine et Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'Union africaine

Alely Adamso, ambassadeur d'Israël à l'Union africaine et Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'Union africaine. DR

Le 02/08/2021 à 13h41

Beaucoup d'organes de presse ont relayé l'information selon laquelle l'Algérie aurait réussi à convaincre une douzaine de pays membres de l'Union africaine pour exiger le retrait du statut d'observateur à Israël. Mais à y regarder de plus près, l'information est sujette à caution.

Il fallait s'y attendre, l'Algérie n'a pas digéré l'acceptation d'Israël comme nouvel observateur de l'Union africaine. Elle se serait entendue avec 12 autres membres en plus, bien sûr, du Polisario, pour rejeter la décision souveraine du président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, alors que le texte fondateur l'autorise à donner ce statut à tout pays ou organisme.

Mais à y regarder de plus près, il s'agirait surtout d'une rumeur qu'aucune source officielle n'est venue confirmer pour le moment.

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C'est par Rai-al-Yawm, un site d'information en ligne, plutôt confidentiel, basé à Londres, spécialisé dans le Moyen-Orient, que la rumeur a été diffusée.

Parmi les pays que cite Rai-al-Yawm, certains paraissent improbables. En effet, ceux qui auraient accepté de suivre l'Algérie sont l'Afrique du Sud, la Tunisie, l'Erythrée, le Sénégal, la Tanzanie, le Niger, les Comores, le Gabon, le Nigéria, le Zimbabwe, le Liberia et les Seychelles.

Or, bien que fervents défenseurs de la cause palestinienne, le Sénégal, le Gabon et le Liberia sont aussi des alliés d'Israël. Difficile d'imaginer ces pays prendre part à une telle initiative, si tant est que l'Algérie a essayé de la mener.

Pour des raisons historiques, l'Afrique du Sud et le Zimbabwe iront sûrement dans ce sens, si Alger les y invite. D'ailleurs, Pretoria a déposé, jeudi 29 juillet 2021, une objection auprès de la Commission, demandant des clarifications.

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"Gardant à l'esprit que cette question a été examinée par l'Union en 2013 et 2015/2016 et que la demande n'a pas été approuvée, l'Afrique du Sud note que les critères d'accréditation des Etats non africains, des organisations internationales et d'intégration régionale sont clairs sur le fait que les buts et objectifs des Etats ou organisations non africains souhaitant être accrédités auprès de l'UA doivent être conformes à l'esprit, aux objectifs et aux principes de l'Acte constitutif de l'Union africaine", a écrit, dans une lettre d'objection, une mission dépêchée à Addis Abeba par la diplomatie sud-africaine.

Mais pour les sept autres pays, que sont la Tunisie, l'Erythrée, la Tanzanie, le Niger, les Comores, le Nigeria et les Seychelles, si une proposition est faites devant l'Union africaines pour refuser à Israël ce statut, ils pourraient tout autant la suivre que s'y opposer. En revanche, il reste improbable de les voir mener, eux-mêmes, une coalition dans ce sens.

Si cette liste de 12 pays reste à confirmer, il y a lieu de rappeler qu'Alger avait réagi de manière officielle en dénonçant le statut d'observateur accordé à Israël.

"Prise sans le bénéfice de larges consultations préalables avec tous les Etats membres, cette décision n’a ni la vocation, ni la capacité de légitimer des pratiques et comportements dudit nouvel observateur qui sont totalement incompatibles avec les valeurs, principes et objectifs consacrés dans l’acte constitutif de l’Union africaine", avait estimé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, en parlant de "l'Etat sioniste" à la place d'Israël.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 02/08/2021 à 13h41