Sahara: comment le retour du Maroc à l'Union Africaine a changé la donne

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Le 27/03/2019 à 12h38, mis à jour le 27/03/2019 à 12h41

Après la conférence quadripartite de Genève qui a regroupé le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et le Polisario, deux conférences ont pris le relais, chacune à sa manière. Cependant, le retour du Maroc à l'Union africaine fait désormais échec à la propagande des amis des séparatistes du Polisario.

Parce qu'il ne laisse plus les ennemis de son intégrité territoriale occuper, seuls, le terrain de la communication sur le continent, le Maroc est en train d'engranger les précieux dividendes de sa réintégration à l'Union Africaine. Ce qui vient de se passer, ces lundi 25 et mardi 26 mars, en est une parfaite illustration. 

Avant la réintégration du Maroc à l'Union Africaine, Pretoria et Alger n'avaient pas besoin de s'exiler à l'autre bout du continent pour convoquer une réunion de propagande en faveur des séparatistes sahraouis. Ils se servaient des sommets organisés par l'Union Africaine comme tribune pour bien embrigader ses membres ou encore acquérir en d'autres à cette cause perdue que prône le Front Polisario. 

Mais, depuis ce fameux sommet de janvier 2017, qui a permis au Maroc de revenir dans la grande famille africaine, la donne a changé, au grand dam du Polisario et de ses rares soutiens qui ont été, de fait, mis en minorité au sein de l'UA. 

En ce début de semaine, Pretoria, qui ne peut plus se servir de l'Union africaine, avec ses 54 membres, s'est réfugiée au sein de la Communauté de développement de l'Afrique australe (CDAA), qui ne regroupe que 16 pays sous son influence.

D'ailleurs, seuls quatre membres de la CDAA ont montré leur grand intérêt au soutien des séparatistes.

A part les deux co-organisateurs que sont Cyril Ramaphosa, le président de l'Afrique du ud et hôte de cet évènement, et Hage Gindob, président de la CDAA, seuls les présidents ougandais et zimbabwéens étaient là. L'Algérie et le Venezuela se sont quant à eux faits représenter par leurs ministres des Affaires étrangères respectifs. 

Ainsi, malgré une opération de communication d'envergure dans les médias et les réseaux sociaux, cette conférence de l'Afrique australe n'a pas drainé grand monde. En effet, plusieurs membres de la CDAA ont préféré envoyer un de leurs diplomates les représenter à Pretoria. 

Pendant ce temps, une autre conférence avait convié, à Marrakech cette fois-ci, les ministres des Affaires étrangères de l'Union africaine pour examiner "l'appui de l'Union africaine (UA) au processus politique des Nations unies sur le différend régional autour du Sahara marocain".

Au total, pas moins de 37 pays africains ont répondu à cet appel, qui s'inscrit dans la droite lignée des dernières résolutions de l'Union africaine, notamment celles décidées à Nouakchott. 

La conférence de Pretoria a appelé l'Union africaine à jouer un rôle central dans ce conflit sous-régional, afin de revenir à la situation qui prévalait avant janvier 2017. Elle souligne que "la question du Sahara doit continuer à figurer à l’ordre du jour des sommets africains ainsi que dans les rapports émanant de l’UA".

De même, les séparatistes, qui ont toujours en travers de la gorge le récent et cinglant revers qu'ils ont subi au Parlement européen, ont recommandé aux communautés régionales du continent de soulever la question du Sahara dans leurs interactions avec les institutions de l'Union européenne (UE).

Dans cette perspective, ils sont même allés jusqu'à demander que les communautés économiques régionales fassent pression sur les pays européens, en évoquant la question du Sahara dans leurs relations avec l'UE. 

Evidemment, il est clair que cet appel sera vain, et que son écho auprès des pays africains risque d'être à l'image de l'échec enregistré dans l'organisation de cette rencontre. 

À Marrakech, à l'évidence, plus de sérénité est de mise. La déclaration finale des pays membres de l'Union africaine qui ont participé à cette conférence sonne comme un rappel à l'ordre pour les organisateurs de la conférence de Pretoria. Les participants recommandent de s'en tenir exclusivement à l'initiative onusienne de paix. 

D'une part, ils ont "salué vivement l'initiative constructive du Royaume du Maroc de convoquer cette conférence et qui démontre son adhésion à la mise en oeuvre de la Décision 693 adoptée lors du 31e Sommet de l'UA à Nouakchott, ainsi que l'adoption, à l'unanimité, de cette Décision sur le rapport du président de la Commission de l'UA au sujet de la question du Sahara, qui réaffirme l'exclusivité des Nations Unies en tant que cadre de recherche d'une solution politique, mutuellement acceptable, réaliste, pragmatique et durable à la question du Sahara".

Ils ont, d'autre part, estimé que toute initiative visant à porter atteinte à la teneur de la Décision 635 risque de nuire à la crédibilité des processus du partenariat, et à leur contribution à la réalisation des objectifs de développement du continent.

Reconnaissant son échec, Ciryl Ramaphosa n'a rien trouvé de mieux que de calomnier le Maroc et d'insulter les pays de l'Union africaine qui ne jouent plus le jeu d'Alger et de Pretoria.

"Le Maroc a payé les représentants qui ont pris part à sa conférence", a-t-il répondu aux journalistes qui lui faisaient remarquer que la rencontre de Pretoria était un échec face à celle de Marrakech.

En réalité, seul le pragmatisme diplomatique du Maroc a payé, le royaume ayant choisi de réintégrer l'Union Africaine. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 27/03/2019 à 12h38, mis à jour le 27/03/2019 à 12h41