Croyant avoir fait le nécessaire en envoyant des soldats sans protection équipés de matériels de fortune pour éteindre les gigantesques feux de forêt, le chef d’état-major de l’armée algérien, Saïd Chengriha s'est lancé dans une opération de communication qui a viré au fiasco.
Pour avoir quelques images à diffuser dans les chaînes de propagande afin de redorer son blason, hier, jeudi 12 août, il a jugé utile de se rendre précipitamment dans les régions sinistrées qui n'ont pas encore fini de pleurer leurs proches emportés par les flammes et les militaires que le pays à perdus sous son hasardeux commandement.
Mal lui en a pris. Si l’homme fort de l’Algérie a été accueilli dans les casernes par les militaires très endeuillés par la perte de leurs collègues envoyés aux bûchers, à Béjaia, c'était une toute autre histoire. Les habitants de cette ville lui ont très clairement fait comprendre qu’il aurait dû rester dans son confortable bureau du ministère de la Défense à Alger.
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Dès qu'il a pris la parole pour exprimer sa «compassion» à la population locale endeuillée par les incendies meurtriers, les citoyens de Béjaia se sont éloignés, lui ont tourné le dos pour lui faire comprendre qu'il n'est pas le bienvenu.
Outre le fait de le laisser seul, les jeunes ont scandé, devant l’imposante mobilisation de son escorte armée, des slogans qui lui ont rappelé que le Hirak était loin d'être étouffé. Un message on ne peut plus hostile a été lancé au chef d’état-major aux cris de «dégage, dégage,…», «pouvoir assassin»,...
Cette sortie ratée du chef d’Etat-major illustre le fossé entre le système qui dirige l’Algérie et le peuple que ces incendies risquent encore d’élargir du fait que l’Etat est resté impuissant pour y faire face.
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Ce rejet de la population durant cette période de deuil atteste une fois de plus la profonde méfiance de la population de la région envers le chef d’Etat-mjor, symbole de la main-mise de l’armée sur le pouvoir.
En effet, ces incendies viennent, encore une fois, mettre à nu les défaillances de l’Etat qui ne dispose pas de moyens appropriés pour faire face aux incendies et la faiblesse des équipements des unités de Protection civile qui ont été rapidement dépassés par les flammes ayant causé la mort de plusieurs dizaines de civils et militaires et occasionné des dégâts matériels chiffrés à plusieurs centaines de millions de dollars avec de nombreux villages rasés de la carte.
Après ce fiasco, le chef de la grande muette algérienne aurait mieux fait de se taire.