Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Le brave peuple algérien est cependant durement éprouvé par celle de ses dirigeants qui ne sont comptables de rien: ni de la crise économique, ni de la pénurie d’eau, ni du manque d’oxygène médical, ni de leur gestion désastreuse de la crise sanitaire, et encore moins des dizaines de victimes des récents feux de forêt. Même si nombre d’entre elles n’étaient finalement que de pauvres soldats envoyés au bûcher sans aucun équipement… Le dernier bilan des feux de forêts, hélas encore provisoire, fait état de 69 morts, dont 32 militaires.
Les 32 membres de l’Armée nationale populaire (ANP) ont péri dans les flammes, parce qu’ils ont été envoyés lutter contre les incendies… La main sur le cœur. Les images qui circulent sur les réseaux sociaux montrent ces soldats dépourvus d’une combinaison non-inflammable, de masque et de bouteille d’oxygène. En somme, l’état-major les envoyés vers une mort quasi-certaine, en les sommant de se battre, avec leur seul courage, contre des feux d’une intensité rarement égalée.
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Les gigantesques incendies qui se sont déclarés le lundi 9 août dans plusieurs wilayas algériennes, particulièrement en Kabylie, continuent de faire des ravages. En tout, ce sont 18 wilayas qui sont touchés par les feux de forêts dont Tizi-Ouzou, Béjaia, Sétif, Blida, Tébessa, Bouira, Guelma, Khenchla, Boumerdès, etc. Pour y faire face, 1000 pompiers et leurs équipements ont été mobilisés.
Mais ces feux de forêts ont une fois de plus montré les failles dans les décisions stratégiques du régime algérien. Sinon, comment expliquer que le pays dont la superficie est la plus vaste du continent africain, avec 2,382 millions de km2, soit 12,4 fois la superficie d’un pays comme le Sénégal, de plus situé sur le pourtour de la Méditerranée, une zone où les incendies de forêts sont fréquents durant l’été, ne dispose même pas d’un seul Canadair, avion bombardier d’eau, pour lutter contre les flammes, alors que la géographie du pays rend difficile l’accès aux montagnes pour les véhicules des sapeurs-pompiers? Comment, dans ces conditions, espérer lutter contre les incendies de forêts?
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De plus, en juillet dernier, les autorités algériennes ont fait le choix d’acquérir des hélicoptères bombardiers d’eau, au lieu de Canadair. Or, ces hélicoptères sont inefficaces face aux feux de grande ampleur. Pour justifier de leur choix, elles avaient jugé les Canadair trop chers. Un officiel, notamment le chef de la protection civile algérienne, s’est même permis de dire qu’un Canadair coûtait 60 millions de dollars, ce qui est loin de la réalité.
Le prix catalogue d’un bombardier d’eau de type C415 flambant neuf est de seulement 23,14 millions de dollars, incluant la formation des pilotes, la maintenance initiale et les pièces de rechanges, selon Menadéfense.
Pour un pays qui importe chaque année plus de 10 milliards de dollars en armes, il est incompréhensible de ne pas disposer d’un seul Canadair pour faire face aux flammes.
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D’ailleurs, le Premier ministre algérien, Aymen Benabderrahmane, a affirmé pas plus tard qu’hier, mardi 10 août 2021, que son pays allait louer des canadairs «auprès de partenaires européens». Ce qui constitue en soi une reconnaissance des choix désastreux de la junte qui dirige le pays.
Au lieu de remédier à l’absence de canadairs, le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire algérienne (ANP), Saïd Chengriha, l’homme fort de l’Algérie, a eu la sombre idée d’envoyer l’armée affronter les braises ardentes et les fumées toxiques.
Sans aucune formation face aux incendies, armés de pelles et d’équipements de fortune seulement, les soldats ont logiquement payé un très lourd tribut. En plus des morts, les rangs de l’armée algérienne comptent aussi de graves brûlés. Si les soldats ont contribué à évacuer les populations et à dégager les routes, ils n’ont pas été formés à éteindre les feux de forêts. Et sont encore moins outillés pour le faire, quand on les livre sans équipements à une mort quasi-certaine.
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Dans tout Etat normal, le chef d’état-major aurait été limogé et une enquête aurait été ouverte pour déterminer les responsabilités dans cette mort à laquelle ont été livrés des soldats sans défense. En Algérie, Saïd Chengriha et ses généraux ne craignent rien. Ils peuvent nourrir le feu avec de la chair de militaires. Ils ont même lancé des contre-feux dans une tentative de se dispenser de toute responsabilité, en pointant du doigt une origine «criminelle» des feux.
D’ailleurs, signe qui ne trompe pas sur la toute-puissance de la junte militaire, le président Abdelmadjid Tebboune s’est empressé de rendre un vibrant hommage aux valeureux soldats qui sont tombés dans un combat inégal contre le feu, alors qu’il n’a pas eu le moindre mot de compassion pour les civils qui ont péri dans les incendies. Son hommage sonne davantage comme un signe de soumission aux généraux qui haïssent le peuple algérien. Et encore davantage quand ce peuple vit en Kabylie.