Algérie: horrible assassinat de Djamel Bensmaïl, des dizaines d’arrestations et des zones d’ombre

DR

Le 14/08/2021 à 19h42, mis à jour le 14/08/2021 à 19h44

Grâce aux images disponibles du lynchage et de l’insoutenable assassinat, les services de sécurité ont réussi à arrêter 46 personnes ayant participé à cet horrible acte. Des zones d’ombre persistent sur les conditions d’arrestation de Djamel Bensmaïl et sur le rôle de forces de sécurité.

Le jeune artiste et bénévole Djamel Bensmaïl a été enterré chez lui à Miliana, dans la wilaya d’Aïn Defla. Lynché à mort, puis brulé vif mercredi 11 août 2021 par un groupe de citoyens à Larbaâ Nath Iraten qui le soupçonnaient, à tort, d’être un pyromane, cet homme de 35 ans et son tragique décès ont suscité une vive émotion en Algérie. 

Une indignation générale qui a poussé les autorités algériennes à diligenter d’urgence une enquête sur les circonstances de la mort de Djamel Bensmaïl et mettre les coupables de cet acte ignoble en prison.

Ainsi, aidées en cela par les images insoutenables filmées et partagées sur les réseaux sociaux, les autorités ont procédé à l'arrestation d'une cinquantaine de personnes ayant participé au crime odieux dont l’administrateur de la page Facebook qui a filmé et diffusé les images. Une douzaine d’autres, tous de la localité de Larbaâ Nath Iraten, sont recherchés activement par la police.

Djamel Bensmaïl était un jeune artiste venu volontairement avec des amis à Tizi-Ouzou pour participer aux opérations d’aides aux sinistrés des incendies qui ravagent la wilaya depuis lundi dernier. Soupçonné d’être pyromane, il a été arrêté, selon certaines versions, et livré à la police avant d’être extirpé, par une foule excitée, de la fourgonnette de la police et lynché avant d’être brûlé vif.

Reste que l’enquête doit élucider les conditions de son arrestation qui restent floues tant les versions divergent. Alors que certains parlaient de flagrant délit d'incendie par des villageois qui le soupçonnaient, lui et ses amis, d’être des pyromanes et les ont remis à la police, d’autres annonçaient qu’ils ont été arrêtés par les forces de l’ordre avant que l’information ne parvienne aux villageois exténués par leur lutte contre les flammes et qui en voulaient aux pyromanes pointés du doigt par les autorités qui n’ont cessé de marteler que les feux étaient d’origine criminelle.

C’est à l’enquête d’établir la part de vérité et ce, d’autant que les zones d’ombre ne manquent pas et que le jeune artiste était également un activiste du mouvement Hirak connu dans sa ville et au niveau de la région.

A ce titre, le site d'information Algérie-Part avance une autre piste, en soulignant que «les Renseignement généraux algérien ont joué un rôle troublant dans le meurtre cruel et barbare du jeune bénévole». «Nous avons pu confirmer effectivement auprès de plusieurs sources sécuritaires et policières que ce sont des éléments des RG relevant de la sureté urbaine de Larbaâ Nath Iraten qui ont procédé le mercredi 11 août dernier à l’arrestation de Djamel Bensmaïl pour des raisons qui n’ont strictement aucun lien avec les origines criminelles des incendies de forêt en Kabylie», souligne le média, pointant du doigt l’activisme du jeune artiste au sein du Hirak qui a fini par intrigué les RG sur sa présence à Tizi-Ouzou.

En tout cas, seule une enquête sérieuse pourrait démêler le vrai du faux et expliquer pourquoi Djamel Bensmaïl était la seule personne ciblée et comment la police n’est pas parvenue à le protéger de la foule.

Par Karim Zeidane
Le 14/08/2021 à 19h42, mis à jour le 14/08/2021 à 19h44