Algérie: Tebboune et Chengriha reprennent la purge au sein de l’armée

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Le 09/09/2021 à 18h00, mis à jour le 09/09/2021 à 19h31

Le président Abdelmadjid Tebboune poursuit sa purge au sein de la grande muette algérienne. Deux nouveaux généraux-majors viennent d’être remerciés par le Président, rejoignant ainsi cinq autres généraux limogés durant le mois d’août.

Après une relative pause, la purge au sein de l’armée et des services sécuritaires algériens connaît un retour spectaculaire, marqué par le limogeage de plusieurs généraux-majors dont certains occupaient de très hauts postes de responsabilité.

Le président Abdelmadjid Tebboune, chef suprême des armées et ministre de la Défense, vient donc de limoger deux généraux-majors. Il s’agit de Boualem Madi, directeur de la communication, de l’information et de l’orientation au ministère de la Défense nationale, et Abdelkader Bendjelloun, directeur central des services de santé militaires.

Ces deux généraux-majors figurent parmi les derniers très hauts gradés nommés par l’ancien chef d’état-major de l’armée algérienne et vice-ministre de la Défense feu Ahmed Gaïd Salah de 2004 à 2019 et qui occupaient encore des postes de responsabilité. Boualem Madi et Abdelkader Bendjelloun avaient été nommés à leurs postes respectivement en 2010 et 2007.

Rappelons que ces deux limogeages interviennent moins d’un mois après celui du 15 août dernier, intervenus en pleine crise des incendies de forêt qui ont ravagé la Kabylie. Quatre autres généraux-majors avaient alors été limogés par le président Tebboune et son acolyte Saïd Chengriha, actuel chef d’état-major de l’armée algérienne et vice-ministre de la Défense. Ces 4 hauts gradés occupaient des postes clés dans la hiérarchie militaire: Mohammed Bouzouine, chef d’état-major du commandement des forces aériennes, Ammar Zaimi, chef d’état-major de la 4e région militaire, Abdelhakim Meraghni, adjoint au commandant de la 5e région militaire, et le général-major Benaissa Hammadi, directeur du service national au ministère de la Défense nationale. 

Quelques jours avant eux, le mardi 3 août, le président Tebboune avait déjà remercié le général Noureddine Gouasmia, commandant de la gendarmerie nationale d’Algérie qu’il avait pourtant nommé lui-même, seulement une année auparavant.

Ainsi, depuis début août, le président a mis fin aux fonctions de 7 généraux-majors. Ce qui s’apparente à une nouvelle phase de la purge émanant du chef de l’Etat algérien et de son vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’armée Saïd Chengriha.

Une purge au sein de la grande muette qui a été entamée au lendemain du décès d’Ahmed Gaïd Salah en décembre 2019, quelques jours après l’élection du président Abdelmadjid Tebboune avec des mises à la retraite, des limogeages et des placements en détention pour corruption et enrichissement illicite. Actuellement, plus de 150 officiers de haut rang de l’armée et des services sécuritaires dorment dans les geôles du pays. Certains d'entre eux ont été condamnés à de très lourdes peines de prisons alors que d'autres ont réussi à s'exfiltrer pour trouver refuge dans des pays européens. 

Ayant compris le rôle important que joue l’oligarchie militaro-politique, le duo Tebboune-Chengriha a décidé de concentrer tous les pouvoirs au sein de leurs hommes de main pour mieux maîtriser la grande muette et l’appareil sécuritaire. Ainsi, ils ont fait de cette purge au sein de l’armée un vrai mode de gouvernance au mépris de la pérennité de l’Etat.

Par Karim Zeidane
Le 09/09/2021 à 18h00, mis à jour le 09/09/2021 à 19h31