Algérie. Covid-19: la barre des 1.000 morts dépassée et les critiques pleuvent

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Le 12/07/2020 à 10h49, mis à jour le 13/07/2020 à 14h01

L’Algérie a franchi la barre des 1.000 morts dus au Covid-19 et enregistre des records de contaminations. Du coup, les critiques pleuvent sur la gestion de la pandémie et le manque criant de moyens pour y faire face. En face, les autorités reconfinent à nouveau de nombreuses wilayas dans le pays.

L’Algérie a franchi la barre des 1.000 décès officiels liés au coronavirus. Le dernier bilan s’établit à 1.004 morts à la date du 11 juillet. Cette évaluation serait d’ailleurs sous-estimée, selon plusieurs sources qui font état d'un nombre de décès beaucoup plus important dans les structures dédiées au patients contaminés par le coronavirus, alors même que les autorités du pays essayent tant bien que mal de les museler.

Ce cap de la barre franchie au-delà de 1.000 morts intervient dans un contexte marqué par une hausse croissante des contaminations en Algérie. Ainsi, rien que pour la journée du samedi 11 juillet, ce sont 470 nouveaux cas positifs au Covid-19 qui ont été officiellement enregistrés, portant à 18.712 cas positifs confirmés, dont 13.375 guéris.

Le taux de létalité du coronavirus en Algérie s’établit à 5,36%, largement au dessus du niveau moyen de ce taux dans le continent qui se situe à 2,24%, et il est, de plus, encore très largement supérieur à celui du Maroc, lequels se situe autour de 1,58% (247 décès enregistrés pour 15.635 cas).

L’hécatombe touche de plein fouet le personnel de la santé qui manque de moyens de protection. Les responsables des établissements hospitaliers se plaignent du manque de moyens mis à leur disposition.

Mohamed Bekkat Berkani, membre du Comité de suivi de l’évolution du coronavirus, a apostrophé les autorités sur l’aide en provenance de la République Populaire de Chine, qui devrait être destinée au personnel de la santé.

«Où est passé ce matériel? Où sont les tests rapides pour avoir une idée sur l’épidémiologie, en particulier chez les professionnels de la santé?», s’est-il demandé sur les ondes d’une radio nationale.

Pour cet expert, «le rebond important est inquiétant», il appelle ainsi à «un confinement ciblé et étudié».

Des discours d’experts qui en disent long sur la réalité de la gestion de la pandémie pandémie du Covid-19 par les autorités algériennes, qui se veulent quant à elles rassurantes, en optant pour des discours en contradiction avec la réalité du terrain.

Dans le même ordre d'idées, le docteur Mohamed Yousfi, chef de service d’infectiologie de l’hôpital de Boufarik, a déclaré à l'AFP que «le corps médical {travaille} non-stop», avant de lancer ce cri de détresse: «on est épuisé. A plat. Certains sont morts, qu’ils reposent en paix. Plusieurs membres de mon équipe ont été contaminés».

La situation est d’autant plus critique qu’à cause de la hausse des contaminations, les capacités hospitalières dans beaucoup de régions sont quasiment saturées et le manque d’oxygène médical a été signalé à de nombreuses reprises.

C’est notamment le cas à Sétif et Biskra où les systèmes de santé n’arrivent plus à répondre à l’explosion des contaminations. En clair, les hôpitaux algériens manquent de moyens humains et matériels pour faire face à la pandémie du coronavirus.

Conséquence de cette cacophonie, les autorités, qui n’avaient pas écouté les experts, en décidant de déconfiner rapidement, ont annoncé de nouvelles mesures pour freiner la propagation de la pandémie.

Ainsi, depuis vendredi dernier, la circulation de (et vers) 29 wilayas les plus touchées est interdite, et ce, pendant une semaine.

Par ailleurs, face à la détresse du personnel de santé, l’Etat a décidé de grantir une assurance spéciale à l'ensemble des médecins et des usagers de la santé publique directement liés à la lutte contre la pandémie du coronavirus.

Et ménageant ainsi le bâton et la carotte, les autorités algériennes tentent de faire taire les critiques. Après l’arrestation d’une personne ayant filmé l’état calamiteux d’un hôpital où sont admis les malades du Covid-19, le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, a réagi vigoureusement en «Une» du journal «Liberté», qui avait titré «Aveux d’échec» à propos de la situation sanitaire du pays et la recrudescence du coronavirus.

Ce média a ainsi été accusé de faire de la «désinformation» et de prôner un «discours alarmiste» dans le traitement de l’information.

Le journal a été mis en garde par le ministre, qui a souligné que «le quotidien Liberté, qui semble prendre beaucoup de liberté avec la déontologie, tomberait alors sous le coup des dispositions prévues par la loi».

Par Karim Zeidane
Le 12/07/2020 à 10h49, mis à jour le 13/07/2020 à 14h01