La crise de l’huile de table se poursuit en Algérie, malgré les promesses des autorités, dont le président Abdelmadjid Tebboune, qui a souligné dans son dernier entretien aux médias algériens que l’Algérie ne connaît pas de pénurie. Toutefois, le problème prend une ampleur inquiétante, prouvant l’incapacité des autorités à apporter une solution durable à l’achat de ce produit essentiel à la cuisson des repas, mais devenu, depuis quelques semaines, un produit alimentaire rare.
Preuve de cet échec, les files d’attentes interminables et les bousculades pour se procurer de l’huile de table deviennent légion en Algérie.
Devant cette situation, les autorités, dans leur déni permanent de la crue réalité, n’ont trouvé comme parade que de mettre en place des «marchés ouverts» où sont vendus équitablement des bidons de 5 litres d’huile, tout en n’hésitant pas à accuser les commerçants et les spéculateurs d’être à l’origine de la pénurie en huile sur les marchés.
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C’est d’ailleurs dans l’un de ces «marchés ouverts», à El Milia, dans la wilaya de Jijel, près de la salle omnisport de la ville, aménagée pour la circonstance pour distribuer de l’huile, que s’est produite une nouvelle bousculade de citoyens algériens venus se procurer un peu de cette denrée alimentaire devenue rare, à un prix raisonnable, plafonné par l’Etat algérien à 560 dinars.
Puisque ce produit de grande consommation est devenu rare, une foule nombreuse s’est déplacée dans le lieu de vente. Les images montrent plusieurs files d’attentes monstrueuses de milliers de citoyens venus se procurer de l’huile. L’organisation de cette distribution «à la soviétique» a fini par créer une cacophonie et se transformer en une bousculade chaotique et a créé une hystérie collective indescriptible.
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D’incroyables scènes de panique s’en sont suivies, et ont fait plusieurs blessés, surtout des femmes et des personnes âgées. Selon le site d’informations Algérie-part, «une femme, mère de famille, blessée au cours de violentes bousculades a été transférée à l’hôpital de la ville d’El Milia».
Cette énième bousculade vient démentir les annonces des autorités algériennes quant à la maîtrise de la pénurie en huile, lesquelles autorités sont même allées jusqu’à nier l’existence de cette pénurie.
«Un pur mensonge qui reflète la schizophrénie actuelle dans laquelle elle vit l’Algérie. Jamais, ô grand jamais, l’Algérie n’a connu une panique aussi dangereuse concernant la disponibilité des produits alimentaires. Il faudra remonter aux années 90, lors de la décennie noire, pour retrouver de pareilles sinistres images», souligne Algérie-Part.
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Rappelons que cette pénurie en huile de table est l’une des conséquences de la crise financière que traverse l’Algérie. Pour faire face à celle-ci, les autorités ont décidé d'imposer aux commerçants détaillants une facturation, ce qui est synonyme d’une nouvelle taxe. Les petits commerçants ont en effet décidé de ne plus commercialiser les différents types d’huile de table, qui ne leur rapportent plus de bénéfices, alors même que le prix de vente au consommateur final est fixé par l’Etat.
Ils avaient en effet remarqué que leur marge bénéficiaire sur l’huile de table se retrouvait fortement grignotée par cette taxe, alors qu’ils supportent déjà la hausse des prix sur l’huile, conséquence de la dépréciation du dinar et de l’envolée des prix des matières premières, que les producteurs répercutent directement sur leur prix de vente.
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Les commerçants ont donc refusé de s’approvisionner auprès des producteurs et des grossistes pour échapper à cette facturation, et donc à la nouvelle taxe qui leur était imposée. Depuis, l’huile est devenue une denrée rare, vendue au prix fort sur le marché noir.
En mars dernier, c’est à Sétif qu’un rayon de bouteilles d’huile avait été pris d’assaut par les consommateurs qui voulaient s’approvisionner, alors que les quantités existantes étaient négligeables face à la demande. Conséquence: une bousculade qui a rapidement fait le tour des réseaux sociaux. D’autres images ont montré des citoyens s’approvisionnant en grandes quantités d’huile de table, avec des caddies remplis de bidons d’huile de 5 litres.
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Avec ces nouvelles images d’El Milia, on comprend que les autorités ne sont pas encore parvenues à régler cette pénurie d’huile, malgré des promesses rassurantes du président, de ministres et de producteurs.
Avec cette nouvelle bousculade, la parade toute trouvée du gouvernement d’installer des points de vente afin que la population puisse s’approvisionner en huile de manière rationnalisée vient de montrer ses limites.
Une situation très inquiétante à la veille du Ramadan, alors que la pénurie ne concerne pas uniquement l’huile, mais tous les produits, les plus demandés: le lait, la semoule, les viandes, le poisson, les légumes se font rares sur les marchés algériens. D’ailleurs, en cette veille de Ramadan, le prix de l’ensemble des produits de grande consommation connaît une hausse inquiétante.