Alors que le président Tebboune niait l'évidence dans un exercice de propagande, dimanche 28 mars, la triste réalité que vivent les Algériens le rattrape. Les pénuries qu'il disait ne pas exister en Algérie dans son interview aux médias audivisuels sont devenues plus sévères et elles concernent plusieurs produits de première nécessité, comme le lait et l'huile de table. De même, les prix d'autres denrées comme le poulet, première source de protéine animale pour les Algériens ou encore les poissons, ont prix l'ascenseur quand ils ne sont pas simplement introuvables.
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Concernant l'huile de table, les scènes de bousculade se multiplient pour se procurer le moindre litre de ce corps gras. Il faut que la gendarmerie intervienne pour réguler les longues files d'attente. C'est arrivée à tel point que les Algériens sont devenus très inquiets de la tournure que prennent ces évènements.
En commentaire à la publication des images montrant la distribution d'huile de table à El-Milia qui rappelle la famine en Corée du Nord entre 1994 et 1998, un internaute fait un commentaire qui traduit un semblant de honte et de dédain envers le régime. "C’est une honte, écrit-il, en plus avec la gendarmerie... Avant, j’étais un nationaliste qui aime son pays malgré la réalité amère du quotidien, mais là, avec ces images, le doute subsiste et je remets en question mon nationalisme...".
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Alors qu'un autre, emporté par la colère à la vue de cette scène qui n'honore pas son pays, ne se retient pas contre les aparatchiks: "Voilà l'Algérie voulue par les 'wled lahram' (insulte signifiant litérralement "enfants nés dans le péché", ndlr)...
Le lait est également concerné, comme le montre la vidéo ci-dessus. Dans certaines zones, la distribution se fait une fois tous les deux jours et, pour être servi, il faudra littéralement se lever tôt, c'est-à-dire à la prière de l'aube et prendre sa place dans une longue file d'attente. "Du jamais vu en Algérie, des files d'attente interminables pour deux ou trois sachets de lait", affirme la voix-off du commentateur. Alors qu'une habitante de Birkhadem, une commune d'Alger, ne cache pas son indignation face à al situation. "Le lait dans notre quartier à Birkhadem, ils nous le distribuent un jour sur trois. Il faut se lever à six heures du matin et les commerçants ont mis en place un système de quota, pas plus de quatre sachet la personne. Et pour une famille nombreuse, je pense que ce n'est pas suffisant", regrette-t-elle.
La pénurie de lait n'est pas un phénomène nouveau, car les briques du précieux liquide sont produites à partir de lait en poudre importé. Il suffit qu'il y ait une rupture dans la chaîne d'approvsionnement pour que le lait soit introuvable. De plus, la fréquence des pénuries fait qu'à la moindre occasion, les Algériens se ruent dans les échopes pour constituter des stocks de quelques jours, ce qui accentuent la situation de pénurie.
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Pour le poulet, même s'il n'y a pas de pénurie, l'office des statistiques note une forte augmentation des prix par rapport à l'année dernière. En effet, il faut débourser 21% de plus par rapport à la même période de 2020 pour déguster la chair blanche prisée de ce volatile. L'inflation concernant le poisson est beaucoup plus forte avec des prix qui sont passés du simple au double.
Les choses prennent une proportion telle que les Algériens se demandent si leur chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, qui disait que son pays ne subit aucune pénurie, vit sur la même planète qu'eux. Apparemment, il est bien le seul à n'avoir pas vu le calvaire que vivent ses concitoyens.