Plus de 1.000 migrants clandestins en moins de 3 jours, c’est le nouveau record d’arrivée d’Algériens sur les côtes espagnoles. Un chiffre qui atteste une tendance lourde de la jeunesse algérienne qui a perdu tout espoir d’un avenir meilleur face à la crise multidimensionnelle que traverse le pays.
«Ces dernières 72 heures, plus de 80 embarcations sont arrivées à Almeria, Murcia, Alicante et sur les îles Baléares avec un total de plus de 1.000 migrants dans la grande majorité de nationalité algérienne», précise la page Facebook de Francisco Jose Cemente Martin, du Centre international d’identification des migrants disparus (CIPIMD) et membre de l’ONG espagnole Heroes Del Mar.
D’autres sources avancent autour de 1.500 harraga arrivés en Espagne dont 1.000 ont été arrêtés par les gardes côtes espagnols alors que les 500 autres ont réussi à passer entre les mailles des filets avant de s’évaporer dans la nature.
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Ces dernières arrivées attestent l’ampleur des départs des migrants clandestins algériens vers l’Espagne. A titre de comparaison, depuis le début de l’année, ce sont près de 400 embarcations qui ont quitté les côtes algériennes pour atteindre celles d’Espagne.
Et pour toute l’année 2020, 11.200 harraga algériens ont réussi à débarquer et ce, en dépit de la pandémie de Covid-19. Ils représentaient 27,32% des arrivées totales de migrants clandestins sur le sol espagnol.
Ces chiffres sont loin de refléter la réalité du phénomène. En effet, de nombreux clandestins algériens, notamment ceux parmi les plus fortunés qui empruntent les «go fast» passent souvent inaperçus. De même, ces données ne tiennent pas comptent des nombreux décès de migrants lors de la traversée de la Méditerranée.
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Dans tous les cas, le nombre très élevé des débarquements de migrants algériens sur les côtes espagnoles inquiète. D'autant que la situation ne fait qu’empirer depuis quelques mois et risque encore de l’être davantage dans les semaines à venir.
Et pour cause, de nombreux facteurs poussent davantage d’Algériens à prendre le risque de la migration clandestine.
D’abord, il y a la crise économique aiguë que traverse le pays à cause notamment des politiques économiques des dirigeants qui, au lieu de soutenir les entreprises durant cette période de Covid-19, ont beaucoup contribué à la faillite de nombre d’entre elles avec des mesures qui ont entrainé de nombreuses faillites, notamment au niveau des secteurs des BTP, automobile, électroménager…, avec à la clé des centaines de milliers d'emplois perdus et donc une hausse notable du nombre de chômeurs.
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Ensuite, les pénuries et flambées des prix qui touchent de très nombreux produits dont ceux de première nécessité ont appauvri davantage les familles algériennes. Cette paupérisation pousse certaines familles à encourager leurs enfants à tenter l’aventure face au désespoir qui prévaut en Algérie. Par ailleurs, la répression et la terreur, qui s’abattent sur de nombreux Algériens revendiquant tout simplement le changement du système à l’origine de tous leurs maux, poussent nombre d’entre eux à quitter le pays par tous les moyens.
En outre, l’illusion d’un eldorado européen à quelques kilomètres des côtes algériennes motive les jeunes à tenter le pari, si périlleux soit-il.
Enfin, si autant d’embarcations ont pu quitter les côtes d'Algérie en 3 jours, c’est que les autorités algériennes ont décidé de baisser la garde face à l’émigration clandestine de la jeunesse du pays, n’ayant pas d’alternative à leur offrir.
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Et face aux restrictions de voyages à cause du Covid-19, la migration clandestine reste l’une des voies les plus sollicitées en dépit des risques importants que prennent les candidats en défiant la mort à bord d'embarcations pour rejoindre l’Europe.
En Espagne, c’est l’inquiétude face à ces arrivées en masse, face à des autorités espagnoles totalement désarmées. Elles sont obligées de libérer les clandestins arrêtés au bout de quelques jours, grossissant par la même occasion les rangs des migrants clandestins vivant sur le territoire espagnol et ce, d’autant que les autorités algériennes préfèrent fermer les yeux et faire la sourde oreille quant à la détresse de leurs paisibles citoyens dans les prisons espagnoles.