La pénurie des médicaments est une réalité en Algérie depuis plusieurs mois. Les professionnels du secteur n’ont cessé d’avertir sur le manque de plus de 300 médicaments dont certains sont essentiels pour les traitements de pathologies comme le cancer, le diabète, l'hypertension artérielle ou qui touchent à la rhumatologie, la thyroïde…
Toutefois, au-delà de la carence en médicaments vitaux, ce qui inquiète le plus les algériens actuellement, c’est la pénurie du paracétamol qui entre dans le traitement proposé aux personnes atteintes du Covid-19. Une situation qui tombe mal et qui donne la migraine aux autorités de tutelle au moment où celles-ci multiplient les alertes, comme jamais auparavant, sur l’imminence d’une nouvelle vague de contagion au Covid-19.En conséquence, le ministre de la Santé n’a pas hésité à pointer du doigt son homologue de l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed. «Ce n’est pas le ministère de la Santé qui donne les programmes d’importation des médicaments ou qui établit la liste des médicaments essentiels. Ce volet est dévolu à un autre ministère».
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Il faut dire que la hausse des contaminations au niveau européen inquiète, à juste raison, particulièrement les pays maghrébins qui sont très liés avec eux par des flux importants de passagers. Et les ouvertures des frontières ont tendance à favoriser les importations de cas de Covid-19 au moment où les pays du Maghreb affichent leurs plus faibles taux de contamination.
Et malheureusement, c’est durant cette période de craintes que le paracétamol, un médicament de base parmi ceux prescrits pour le traitement du Covid-19, se fait rare, très rare même.
Les pharmaciens algériens se plaignent tous de la pénurie, même si certains d’entre eux préfèrent parler d’«un approvisionnement qui se fait sous tension», étant donné que la distribution se fait «à un régime de quota».
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Face à cette situation, le ministre de l’Industrie pharmaceutique a expliqué que les pénuries de médicaments s’expliquent par des facteurs endogènes et exogènes.
Plus explicite, Bachir Allouache, directeur du contrôle et des activités pharmaceutiques au niveau du ministère de l’Industrie pharmaceutique, précise que cette situation est essentiellement due à l’épuisement du stock de la matière première nécessaire à la fabrication du paracétamol.
Selon le même responsable, l’autre facteur principal de cette pénurie est l’envolée des prix de la matière première. Il avance qu'il a triplé et que du fait des coûts de transport très élevés à cause des frais des conteneurs, les tarifs d'importation de cette matière première ont flambé. Or, les prix de ces produits étant fixés par les autorités, les fabricants ont tendance à se tourner vers les produits offrant plus de marge. D’ailleurs, le responsable algérien relève le fait que deux producteurs du paracétamol n’ont pas totalement utilisé leurs capacités de production. Ce qui a poussé les autorités a demandé des comptes aux producteurs publics et privés en exigeant la communication de leur stock de matière première.
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Reste que si les pénuries continuent d’affecter les Algériens, obligés souvent de recourir au système D, en s’appuyant sur la diaspora pour se procurer certains médicaments, avec à la clé un véritable trafic entre l’Algérie et la France, les autorités continuent de gloser sur le bilan exceptionnel de la politique de la production locale qui s’est traduite par le lancement de plusieurs dizaines d’unités de production qui ont permis d’économiser 800 millions de dollars en 2 ans sur les importations de médicaments.
Ces économies valent-elle les milliers d’enfants morts du cancer faute de disponibilité de médicaments anti-cancéreux? La réponse est certainement oui pour ceux qui ont des yeux uniquement fixés sur le niveau des réserves en devises et comment les maintenir à un niveau décidé, et ce quel que soit les conséquences sur la population.