Algérie: les professionnels de santé craignent que la 4e vague de Covid-19 ne soit déjà là

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Le 22/11/2021 à 17h28, mis à jour le 22/11/2021 à 17h31

Les craintes d’une 4e vague de contamination au Covid-19 hantent les Algériens, à l’instar d’ailleurs des voisins marocains et tunisiens. Certains professionnels de santé en charge de la lutte contre cette pandémie pensent même que les signes de la nouvelle vague sont déjà visibles.

Les pays maghrébins ne pourront pas échapper à cette 4e vague qui fait rage en Europe. Et en Algérie, certains spécialistes sont certains que celle-ci est déjà là et s’inquiète de la flambée imminente. Ils se basent sur un faisceau d’indices qui laissent penser que les contaminations sont beaucoup plus importantes que les chiffres avancés, sachant que l’Algérie ne pratique que faiblement de tests Covid-19, ce qui fait que l’évolution lente de la hausse des contagions peut être trompeuse.

D’abord, après une décrue des cas sous la barre des 100 nouveaux cas quotidiens, l’Algérie enregistre depuis quelques jours un nombre de cas largement au-dessus de ce seuil. Lors de la journée du 22 novembre, 159 cas ont été enregistrés.

Si ces chiffres sont loin d’être alarmants, c’est la tendance haussière des nouveaux cas qui inquiètent les spécialistes qui ont été au-devant de la lutte contre la pandémie, surtout lors de la 3e vague chaotique. Ainsi, pour le Pr Kamel Senhadji, président de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSS), l’Algérie est «au début de la 4e vague du Covid-19». Et selon les prévisions de ce spécialiste, l’Algérie sera pleinement dans cette vague dans un horizon de 4 à 5 semaines, en tenant compte du décalage des vagues entre l’Europe et le Maghreb.

Autre signe révélateur, les services Covid-19 de certains hôpitaux commencent à être submergés avec la hausse des cas graves. Lors de la journée du 22 novembre, 22 nouveaux patients ont été transférés vers les services de soins intensifs. Ainsi, le Pr Réda Malek Hamidi, chef de service réanimation au CHU de Béni-Messous à Alger, a fait état d’une hausse inquiétante de cas graves au sein de cet établissement, jugeant que «la situation est préoccupante», et espérant que l’Algérie ne va pas revivre le scénario de la 3e vague. Allant dans le même sens, le Dr Mohamed Yousfi, président de la Société algérienne d’infectiologie, s’inquiète lui aussi d’une explosion des cas qui va mettre à rude épreuve un personnel soignant déjà très éprouvé par la lutte contre la pandémie.

Face à cette situation, les professionnels en charge de la lutte contre la pandémie alertent et avertissent la population sur la nécessité de la vaccination et les conséquences néfastes d’une 4e vague. Si elle est inévitable, ce qui inquiète le plus des professionnels de santé algériens, c’est le niveau faible de la vaccination de la population. Selon le Pr Noureddine Zidouni, pneumologue au CHU Béni-Messous d’Alger, le taux de vaccination de la population de 11% est faible et les mesures barrières sont abandonnées. Selon les autorités, 5 millions d’Algériens ont été totalement vaccinés. A titre de comparaison, en Tunisie 54% de la population, âgés de 15 ans et plus, a reçu les deux doses. Au Maroc, 61% de la population totale, soit 22,55 millions de personnes, ont reçu les deux doses des vaccins anti-Covid-19. En clair, l’Algérie est très en retard en matière de vaccination, comparativement à ses voisins.

Face à la réticence de la population à se faire vacciner, les professionnels de santé multiplient les recommandations visant à rendre obligatoires la vaccination et le pass vaccinal dans les espaces publics, notamment les universités afin de pousser les étudiants à se faire vacciner. Seulement, 0,5% des étudiants algériens le sont, ce qui constitue une très grosse source d’inquiétude des spécialistes de la santé en charge de la lutte contre la pandémie. Et des recommandations sont transmises aux responsables politiques afin d’obliger la population à se faire vacciner.

A noter que depuis l’apparition de la pandémie, l’Algérie a enregistré 209.111 cas et 6.026 décès. Toutefois, ces données sont loin de refléter la réalité du fait de la faiblesse des tests. 

Par Karim Zeidane
Le 22/11/2021 à 17h28, mis à jour le 22/11/2021 à 17h31