La détérioration du pouvoir d’achat s’aggrave en Algérie dans le sillage continue de la flambée des prix qui touche presque la quasi-totalité des produits alimentaires, ce qui montre l’incapacité des autorités à y faire face alors qu’elles n’avaient cessé de marteler que toutes les mesures ont été prises avant le début du mois de Ramadan pour éviter les pénuries et la flambée des prix.
Et malgré ces effets d’annonces, les prix des produits alimentaires ont flambé plus que jamais par le passé depuis le début du mois de Ramadan atteignant des niveaux records inimaginables. Ainsi, les prix des poissons et crustacées sont devenus inaccessibles, par exemple, un kilogramme de crevette vendue à 8.000 dinars. Ceux des fruits ont suivi la même tendance, le kilo de la banane ayant atteint les 800 dinars.
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Seulement, si la grande majorité des ménages algériens peuvent se passer de ces produits devenus des produits de luxe, la pomme de terre, qui est un produit de large consommation, notamment pour les couches populaires, tend aussi à le devenir. Elle a vu son prix atteindre des niveaux records ces derniers jours en se vendant à 180 dinars le kilogramme, dans certaines régions, soit plus de 1,20 dollars, alors qu’elle s’échangeait autour de 120 dinars ces derniers jours après avoir atteint 150 dinars il y a quelques semaines. Or, ce légume, très consommé par les familles démunies se vendait, en temps normal, autour de 50 à 60 dinars le kilo. Avec ce prix, un salarié touchant un salaire minimum fixé à 20.000 dinars, ne peut s’acheter que 111 kilogrammes de pomme de terre durant le mois. Or, l’Algérien figure parmi les grands consommateurs au monde de cette tubercule avec une consommation moyenne de 111 kg par habitant et par an, selon les données de 2018. C’est dire l’importance de ce produit dans le panier de la ménagère algérienne et de l’impact de la hausse sur le budget des ménages.
Et la situation ne fait que se corser pour ce produit de large consommation depuis quelque temps. Une situation qui s’explique par une offre faible à cause de la faiblesse des pluies, des saisies de pommes de terre dont d’importantes quantités de semences par les autorités qui les ont remises dans le circuit de la distribution pour atténuer les pénuries et la nouvelle loi interdisant le stockage de la pomme de terre qui pousse les producteurs à limiter leur production et aux commerçants d’éviter l’achat de grandes quantités afin de ne pas tomber sous le coup de cette loi.
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Pourtant, face aux pénuries, les autorités avaient décidé d’autoriser l’importation de 100.000 tonnes de pommes de terre dont 30.000 au début du Ramadan. Cette solution ne semble pas avoir eu un impact sur l’offre.
Face à cet échec des autorités à mettre sur le marché d’importantes quantités de pomme de terre afin de réguler le marché, l’Association de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (Apoce), désarmée et déboussolée, n’a trouvé mieux que de lancer une campagne de boycott pour faire baisser les prix de cet aliment très largement consommé en Algérie. Un appel qui ne peut être suivi sachant que la pomme de terre est un aliment de base pour de très nombreuses familles algériennes.
Face à ces hausses généralisées des prix qui détériore de plus en plus le pouvoir d’achat des Algériens, les syndicats de la Fonction publique sont montés au créneau pour dénoncer la détérioration de leur pouvoir d’achat. Ils ont décidé, samedi dernier, de déclencher une grève générale de 48 heures, les 26 et 27 avril courant, afin de montrer aux autorités «la colère des travailleurs». Ils exigent une véritable revalorisation du point indiciaire afin que cela impacte positivement leurs salaires.
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D’ailleurs, dans leur communiqué, les syndicalistes de la fonction publique ont clairement pointé du doigt une «dangereuse situation sociale des salariés algériens». Et pour eux, cette situation n’augure rien de bon et laisse présager «une explosion sociale» face à «l’incapacité du gouvernement à juguler la hausse des prix et à mettre fin à la dégradation des services publics».
Cette décision des travailleurs du public signe l’échec des autorités et particulièrement du président Abdelmadjid Tebboune qui a multiplié les initiatives afin d’éviter les tensions sociales à même d’ébranler un régime loin de bénéficier de la légitimité populaire. Outre le gel de la levée des subventions sur 12 produits de première nécessité, il a décidé des revalorisations des salaires et des réductions d’impôt sur le revenu. Cependant, ces facteurs ont des impacts négligeables sur les revenus des salariés qui font face à l’inflation galopante et donc à la dégringolade de leur pouvoir d’achat et qui sont, en conséquence, très touchés par la précarité.
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Ces mesures n’ont pas d’impacts réels sur les revenus des salariés, particulièrement ceux qui touchent les plus bas salaires. Ainsi, alors que selon l’Apoce, le pouvoir d’achat des Algériens a baissé considérablement de 50%, la hausse de 50 points indiciaires pour tous les fonctionnaires ne se traduit que par une hausse sur le salaire minimum de 2.250 dinars (la valeur du point indiciaire étant fixée à 45 dinars), soit 15 dollars. Du coup, les syndicats qui ont annoncé une grève générale de 48 heures exigent une augmentation de la valeur du point indiciaire à 100 dinars, contre 45 dinars actuellement. Ils exigent aussi la mise en place d’un observatoire national pour veiller sur le pouvoir d’achat.