C’est la mort dans l’âme que les autorités algériennes ont finalement décidé d’autoriser des importations de pommes de terre pour faire face à la pénurie de cet aliment de base pour les Algériens, particulièrement pour les plus démunis. Face à la pénurie qui a entrainé une nouvelle flambée du prix de ce produit de large consommation atteignant les 150 dinars algériens le kilogramme sur les étales des marchés de la capitale, soit plus de 1 dollar, le ministère du Commerce a été obligé de reconnaître la réalité de la pénurie et d’annoncer l’autorisation pour des importations de pommes de terre afin de faire face à la forte demande durant le mois de Ramadan.
Il faut dire que le prix de la pomme de terre est devenu, ces dernières années, un baromètre incontournable du pouvoir d’achat des Algériens. Partant, la forte hausse du prix de celle-ci est considérée comme une source de détérioration de leur niveau de vie.
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Conséquence, dos au mur, les autorités qui n'ont cessé de multiplier les interdictions d'importation afin de préserver les réserves en devises du pays, ont été contraintes d’ouvrir un peu les vannes de l’importation afin d’atténuer la flambée des prix de cette denrée de base. Ainsi, d’après les autorités, 100.000 tonnes de pommes de terre seront importées afin de combler le déficit de la production. De ce volume, 30.000 tonnes seront importées en urgence afin d’éviter une nouvelle flambée du prix au début du mois de Ramadan, qui débute dans quelques jours.
Le recours à l’importation de la pomme de terre que le pays annonçait disposer d’un surplus de production et être même en mesure d’en exporter vers les pays limitrophes.
Où sont passés les excédents? Sachant que même les réserves stratégiques du pays ont été réduits lors de précédents destockages organisés par les autorités afin de limiter la hausse des prix de la pomme de terre. A ce titre, selon les autorités, les quantités de pomme de terre locales stockées s’établissent à seulement 15.000 tonnes. Celles-ci doivent être destockées entre le 12 mars et le 12 avril. En clair, sans les importations, le pays va vers une inquiétante pénurie de pomme de terre en plain Ramadan.
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Certes la paupérisation accrue de la population à cause du renchérissement du coût de la vie consécutif à la flambée des cours de nombreux produits sous l’effet combiné des pénuries, de l’évolution des cours des intrants et de matières premières importées et de l’effet de la dépréciation continue du dinar vis-à-vis des devises (dollar, euro) pousse les populations les plus vulnérables à consommer davantage certains produits dont particulièrement la pomme de terre, entrainant une forte pression sur ce produit, alors que les conditions climatiques n’étaient pas favorables cette année.
Mais cette pression n’explique pas à elle seule les pénuries, surtout que les autorités algériennes n’ont cessé, depuis bientôt deux ans, de marteler leur miracle agricole. On est en droit de se demander où sont les 25 milliards de dollars de production agricole du pays annoncés en 2020 par le président Abdelmadjid Tebboune permettant au pays de réduire sa facture des importations alimentaires.
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D’ailleurs, cette annonce avait à l’époque suscité des interrogations de la part d’experts algériens. Un expert algérien, Akil Moussouni, expert d’un cabinet de recherche et développement citoyen, avait alors expliqué qu’avec une telle performance sur une superficie cultivée de 8,5 millions d’hectares, l’Algérie afficherait un rendement de 3.125 dollars/ha, contre 2.662 dollars/ha pour les 27 pays européens et 797 dollars/ha pour le Brésil et ses 80 millions d’hectares bien arrosés par le plus grand fleuve du monde, l’Amazone.
Outre la pomme de terre, les autorités ont aussi autorisé les importations de banane dont le kilogramme a atteint les 500 dinars (environ 3,45 dollars) pour combler les pénuries et atténuer la spirale inflationniste.
Enfin, les autorités ont interdit l’exportation d’un certain nombre de produits que le pays importe. Il s’agit notamment de l’huile, du sucre, des pâtes et autres dérivés du blé. C’est dire que malgré les effets d’annonce des autorités, l’offre agricole demeure très insuffisante pour satisfaire la demande locale à plus forte raison l'export.