«Tu montes, tu descends», «Tu es dedans», etc. Quelques-uns des derniers tubes de l’artiste Maahlox, un rappeur camerounais, ont choqué. Dans un vocabulaire parfois cru, le chanteur y parle de façon à peine voilée de sexe.
Les clips qui accompagnent ces chansons ne sont pas en reste. Filles à peine habillées, poitrines à peine couvertes, maillots de bain microscopiques, déhanchements évocateurs, gros plans sur les popotins, tout y passe pour traduire la pensée du chanteur et accrocher le téléspectateur. «Ses premières chansons étaient plutôt bien. Elles étaient amusantes et même ont eu du succès au-delà des jeunes.
Mais le virage qu’il a pris m’inquiète, surtout pour sa cible, les jeunes. J’ai vu des adolescents se déhancher en bordure de route sur des chansons obscènes après les résultats des examens», se lamente Jeanne Tonye, employée de bureau et mère de deux enfants.
Lire aussi : Guinée. Viol: la star de la musique urbaine, l'élève et le marabout
Le cas du rappeur n’est pas isolé, de nombreux artistes adoptent cette tendance. Pour les parents et les éducateurs, le drame est que ces chansons sont très célèbres auprès des jeunes. Si certaines chaînes de télévision nationale censurent ces clips, ceux-ci sont parfois diffusés par des câblo-opérateurs oeuvrant en marge de la loi. Ce, afin de meubler leur antenne et de drainer de l’audience sur ces chaînes souvent clandestines.
Par ailleurs, les vidéos sont facilement accessibles sur différentes plateformes de téléchargement sur internet. Et tout le monde peut y accéder avec un smartphone. «Je regrette vraiment le temps de l’émission Deviances sur la télévision nationale. Elle était éducative et traquait tous ces procédés peu conformes. Aujourd’hui, je ne suis pas serein lorsque je laisse mes enfants seuls devant la télévision.On ne sait jamais ce qui sera diffusé», ajoute un autre parent.
Lire aussi : Côte d'Ivoire: le Zouglou, la musique urbaine ivoirienne qui va à la conquête du monde
Des artistes semblent avoir trouvé un raccourci pour faire le buzz, devenir populaires en très peu de temps, tout en masquant leur manque d’inspiration. Ils n’hésitent plus à franchir le Rubicon, quitte à choquer les mœurs.
Certains chanteurs interpellés se défendent de surfer sur cette vague. «L’artiste a pour but de titiller le public mais il ne doit pas tomber dans la vulgarité. Il faut savoir jouer avec des mots, mais sans toute fois choquer», a ainsi expliqué la chanteuse populaire, Coco Argentée au sujet de son «envie de…». Aussi, en attendant que les régulateurs ne réagissent, c’est au sein de la cellule familiale que les filtres sont établis.