«Je vendais du maïs. Après la saison des pluies, le maïs est fini. J’ai commencé par la suite à vendre des oranges, des bananes etc. Avec le temps, j’ai aperçu des femmes griller des bananes plantains un peu partout dans la ville. Je me suis approchée d’elles pour apprendre comment faire et c’est ainsi que je me suis mise à en vendre», explique Salimata Kaboré, la trentaine révolue, qui vend de bananes grillées depuis maintenant une quinzaine d’années.
Streetfood incontournable à petit prix (100, 150 ou 200 FCFA), la banane plantain grillée est aujourd’hui à Ouagadougou ce qu’elle a longtemps été dans plusieurs autres capitales africaines.
«Avec le temps, les Burkinabè aussi ont appris à manger la banane plantain grillée. Mais ils ont surtout du goût pour les bananes sucrées. Par contre, ceux de la diaspora adorent les moins mûres… Ça se mange avec les arachides, du poisson fumé ou le plus simplement», souligne t-elle.
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A l’instar de Salimata, Delphine Ilboudo s’approvisionne également sur le marché local. Partie de rien il y a plusieurs années, elle confesse la rentabilité de cette activité qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille. «Par la grâce de Dieu, je réalise des bénéfices. J’arrive à scolariser mes enfants et à contribuer aux charges de la famille. Pour être sincère, je m’épanouie dans cette activité».
Si le phénomène prospère, c’est en partie dû à l’adoption de cette recette par une catégorie de clients. Edem Ahebla, Togolais vivant au Burkina Faso, lui, en mange pratiquement tous les jours. «Puisque je viens d’un pays côtier, c’est dans nos habitudes de consommation. Chaque soir, quand je quitte le boulot, je m’arrête là pour en acheter».
Hélas, depuis peu, c’est une activité en souffrance, confie Delphine. Les bananes sont importées du Ghana et de la Côte d’ivoire voisine. En raison de la fermeture des frontières pour raison de Covid-19, elle éprouve d’énormes difficultés à s’approvisionner.
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«Peu avant les fêtes de fin d’année, les prix des bananes ont augmenté. Nous achetions 5 ou 6 bananes au prix de 500 FCFA (soit 0,76 euro) qu’on revendait ensuite au même prix, mais pour 4 bananes. Nous avons fait des bénéfices. Mais présentement, c’est un peu difficile», explique-t-elle.
Recette très populaire en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, la vente de bananes permet à de nombreuses femmes de gagner dignement leur vie. Dans certaines familles, c’est même devenu une activité qui se transmet de mère en fille.