Selon le ministère des Forêts et de la faune, le Cameroun compte environ 22 millions d’hectares de forêts, soit près de 46% de la superficie totale du pays. La plus grande partie de ces forêts se retrouvent dans les régions du Centre, de l’Est et du Sud. Et c’est justement dans ces régions que vivent les Pygmées, l’un des peuples autochtones du pays.
Les Pygmées sont repartis en quatre grands groupes, à savoir les Baka, les Bagyely, les Medzam et les Bakola. Tous ces groupes vivent essentiellement des fruits de la forêt et c’est aussi dans ce milieu que leurs cultes traditionnels sont pratiqués. Des pratiques ancestrales qui leur permettent d’être en phase avec leur dieu appelé «Edjengui», le Dieu de la forêt.
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«Edjengui est celui qui nous fait vivre. Tout ce que nous lui demandons, il nous le donne, tant pour nous nourrir que pour nos soins», déclare le chef baka Abila, rencontré à Assok, village situé dans l’arrondissement de Mintom, dans la région du Sud. Selon notre illustre interlocuteur, Edjengui a été légué aux Baka par leurs ancêtres. Il vit dans des endroits de la forêt strictement interdits d'accès sans avis favorable d’un Pygmée initié. Esprit parfois visible qui participe de temps à autre à la vie de la communauté, les apparitions en public d'Edjengui sont généralement annonciatrices de bonnes ou de mauvaises nouvelles, ajoute Abila.
Dans chacune des trois régions susmentionnées, le gouvernement avait demandé aux peuples de la forêt de quitter leurs campements pour rejoindre les villages habités par les Bantous. Des villages situés en bordure des routes. Cet appel avait été suivi par la plupart des Pygmées. Malheureusement, après leur départ, la déforestation est venue troubler la tranquillité de leur dieu.
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Conséquence: la vie des Pygmées a basculé depuis quelques décennies. Les peuples de la forêt n’arrivent plus à se nourrir de la viande de brousse ni, pire, à se servir des arbres et de leurs fruits pour la pharmacopée dont ils sont pourtant des maîtres. Pour la majorité d'entre eux, les forces de leur dieu se sont affaiblies à cause de la déforestation. Aujourd'hui, les Pygmées peuvent souffrir de nombreuses maladies, même des plus simples. Ce qui était pourtant difficile dans le passé.
Face à cette situation alarmante, les experts de la protection de l’environnement et de la promotion des droits des peuples autochtones appellent le gouvernement à accorder une place de choix à cette communauté menacée d’extinction.