L’Afrique ne produit que 5% du coton mondial. Néanmoins, à l’échelle continentale, le Cameroun fait partie des géants, à côté de certains pays d’Afrique de l’Ouest à l’instar du Mali, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire.
Avec une production estimée à 350.000 tonnes de coton par an, une main-d'oeuvre abondante et des espaces cultivables disponibles en quantité, le pays est à même de doubler sa production.
Toutefois, et curieusement, «on est plutôt en train de limiter le nombre des producteurs, parce que nous sommes incapables d’absorber toute la production», indique Mohamadou Bayero, directeur général de la Société de développement du coton du Cameroun (SODECOTON). Il explique que les neuf usines d’égrenage de cette société publique ont une capacité de production de 350.000 tonnes l’an, ramenée à 200.000 tonnes ces dernières années, pour cause de vétusté des machines.
La SODECOTON souffre également de la vétusté des camions de ramassage des productions auprès des agriculteurs. D’ailleurs, «il y a actuellement 20.000 tonnes de coton dans les bassins de production, menacées par les pluies. Et dès que l’eau touche les fibres, elles sont perdues», regrette Beyero.
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Le plan de réhabilitation de l’entreprise est dressé, dévoilant «un besoin en investissement de 40 milliards de francs CFA, dont 11 en urgence», selon Mohamadou Bayero, qui évoque déjà des pistes de privatisation de la société.
Le DG de la SODECOTON a en effet exposé les besoins de la société, mercredi 10 mai, à Yaoundé. C’était au cours d’un «Forum d’échanges des experts sur la filière coton», organisé par la délégation de l’Union européenne (UE), dans le cadre des activités de la commémoration des 60 ans de l’institution européenne. Tous les acteurs de la chaîne de valeur de cette filière étaient présents à ce forum: producteurs, industriels, artisans, encadreurs et financiers.
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Le sénateur Bebnone Payounni a porté la voix des 250.000 producteurs de coton répartis dans les trois régions septentrionales du Cameroun. Selon lui, «la motivation est réelle, mais le découragement n’est pas loin, si l’on ne relève pas assez rapidement la capacité d’absorption de la SODECOTON». Aïssatou Kadry, déléguée des artisans du textile, regrette la perte du savoir ancestral, faute d’encadrement.
Au bout de la chaîne de valeur, il y a la Cotonnière industrielle du Cameroun (CICAM) dont le directeur général, Emmanuel Pohowe, parle également de la vétusté des équipements et du manque de ressources humaines qualifiées. Du coup, la CICAM achète moins de 5% de la production de fibres de la SODECOTON, soit 2.000 tonnes l’an. La demande en pagnes et produits divers est pourtant énorme, vu que la CICAM est la seule industrie textile survivante de la CEMAC –Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Hélas, les ressources financières font défaut. La Chine en profite pour étendre sa part du marché de pagne, déjà à 82% à ce jour…