Cameroun. Café Uccao: la production n'arrive pas à suivre la demande mondiale

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Le 05/08/2017 à 11h16, mis à jour le 05/08/2017 à 18h02

Primé plusieurs fois à l’étranger, ce café, pur produit du terroir, est fortement demandé sur le marché international. Toutefois, les producteurs camerounais n'arrivent pas à suivre la cadence de la demande étrangère.

«La rançon de la gloire», titre le quotidien gouvernemental Cameroon tribune, à propos de la situation qui prévaut actuellement au sein de l’Union centrale des sociétés coopératives agricoles de l’Ouest (Uccao). Ses producteurs de café Made in Cameroon sont de nouveau sous les feux des projecteurs.

Comme en 2015, ils viennent en effet de remporter deux prix en Europe : le Gourmet d’or pour le café Délice (100% arabica) et un diplôme d’honneur pour le café Force 2 (70% arabica et 30% robusta). Le concours était organisé à Paris en France par l’Agence pour la vulgarisation des produits agricoles (Avpa).

Sur les 21 pays en compétition, ayant présenté 160 marques de café torréfié à la vingtaine de dégustateurs professionnels qui composent le jury, «le café produit et transformé au Cameroun par l’Uccao a été le plus apprécié», confie François Mefinja Foka, directeur général du regroupement.

Les effets induits de la reconnaissance sont immédiats : les commandes affluent de l’international. Au lieu de se réjouir, les producteurs de café de l’Ouest Cameroun font plutôt la moue. Car la qualité de leurs produits est de loin supérieure à la quantité… «Une entreprise espagnole vient de passer une commande de 100 000 tonnes. Pourtant, la production actuelle de l’Uccao est d’environ 30.000 tonnes l’an, soit 25.000 tonnes de café robusta, et 5.000 tonnes d’arabica», regrette le DG François Mefinja Foka.

Surtout que dans le même temps, les principaux acheteurs d’Europe Occidental et d’Amérique du Nord restent demandeurs.

Torréfacteur depuis 1958, l’Uccao avait à la base pour mission de vendre les productions de ses membres à l’international. Au fil des ans, l’union a décidé d’intervenir sur toute la chaîne de la production avec des contrôles et l’acquisition des intrants de qualité. Voilà qui a toujours fait sa force. L’Uccao n’a cependant pas échappé à la crise qui a touché la filière café dans les années 80 au Cameroun.

La relance a pourtant été amorcée entre 2007 et 2012, avec une moyenne de production de 50.000 tonnes de café, dont 40.000 tonnes de robusta. «Durant cette période, des appuis directs avaient été remis aux organisations de producteurs en termes d’engrais, de pesticides, d’appui à la production des plants et de formation à la maîtrise des itinéraires techniques pour obtenir le meilleur café au finish», se souvient de DG de l’Uccao. Et de regretter que l’aide publique ait de nouveau disparu. Aujourd’hui, le budget de l’union des producteurs a régressé de trois milliards à moins d’un milliard l’an.

Face à la demande pressante et salutaire qui vient de l’international, les membres de l’Uccao espère un nouveau soutien du ministère de l’Agriculture et du développement rural pour relancer la production et satisfaire les clients du "Made in Cameroon". En interne, l’on pense également relancer des mouvements coopératifs des producteurs qui sont désorganisés par les joutes électorales inachevées.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 05/08/2017 à 11h16, mis à jour le 05/08/2017 à 18h02